Karim avait identifié plusieurs appels réguliers sur le smarthpone de Lazar. Trois noms revenaient régulièrement. Celui du maire. Celui de sa femme. Et celui d’un certain Norb. Il avait exclu toute activité criminelle liée au maire ou à sa femme. Seul restait le Norb. Il avait cherché dans l’organigramme de la mairie pour commencer. Tous les noms étaient présents. Du maire à l’agent d’entretien. Et pas de Norb. Du maire à l’agent d’entretien. Alors il avait décidé de se déplacer. D’aller à la mairie. Et de voir sur place. Aïsha dormait dans le canapé. Game of Thrones se déroulait sans que personne n’y prête attention. Tout était calme. Il embrassa sa femme qui miaula légèrement avant de se tourner. Karim lui glissa qu’il sortait et reviendrait lui faire à manger. Elle n’avait pas répondu. Un léger ronflement indiquait son état de fatigue. Elle sortait de deux services de nuit avant de reprendre demain. La vie était dure. Dure pour tout le monde. Ce n’était pas la peine de se la faire pourrir plus qu’il ne le fallait. Pas la peine de se faire salir non plus. Il ramassa son portable et, le smartphone dernier cri de Lazar dans la main, il démarra sa clio direction le plateau. Il décida de se garer au parking Charles de Gaulle, sous le marché Notre Dame, les places étaient ridicules mais il était assez éloigné de la place d’Armes et de la mairie pour que personne ne prête attention à lui. L’air commençait à se réchauffer. Le soleil brillait dans un ciel azur. Il réajusta sa casquette et se mit en marche vers le Dauphin. De là, il commanda un espresso et regarda les allées et venues à l’hôtel de ville, attendant l’arrivée de Lazar. Quand il arriva, vers 9h30, habillé en costume griffé, la barbe bien taillée et les ongles propres, il avait déjà un nouveau portable à l’oreille. Karim finit son espresso et marcha à vive allure pour le rattraper. Quand il fut à distance d’entendre ses paroles, il ralentit et se cala sur son allure. - Non, Norb, je veux mon portable. Fais Traversées encore. Il est forcément sur ce chantier. Essaie de passer à la cité judiciaire. Il peut être ici. Je n’ai pas besoin de te dire son importance, alors ne reviens pas bredouille, pigé ? J’attends ton coup de fil. Karim le laissa s’engouffrer dans l’imposant bâtiment de la mairie et revint sur ses pas. Jusqu’à sa clio. 2 euros l’heure. Putain. Tous des voleurs. Il paya avec sa carte bleue et descendit jusqu’au Jardin des Plantes. Il était désert. Le givre disparaissait à mesure que le soleil gagnait sur l’ombre des peupliers. Il le dépassa, le laissant sur sa gauche et gara sa clio le long du boulevard. En deux minutes, il était au chaud dans une arcane de la cité judiciaire. Il n’y avait pas âme qui vive. On entendait pourtant le bruit des marteaux piqueurs qui exhumaient avec fracas des restes mérovingiens ou carolingiens. Il n’était pas sûr. Et Karim s’en foutait. Il attendait Norb. Il attendait un gars qui fouillerait les travées avant de s’engouffrer dans l’installation de Traversées. Ou l’inverse. Ce fut l’inverse qui se produisit. Karim n’eut pas besoin de se demander s’il s’agissait bien du bon type. Il l’entendait dire qu’il ne l’avait pas trouvé. Et il comprenait que ce n’était pas du goût de Lazar. Norb passa à côté de lui sans le voir. Il regardait dans les plantes vertes, à l’opposé de la position de Karim. - Puisque je vous dit que j’ai tout passé au peigne f...Saint Eloi ? Pourquoi Saint E...Ah. Ok, je vais chercher les clés et je vois. Et il était revenu sur ses pas. Cette fois, il vit Karim et le salua. Karim eut ainsi la chance de bien le voir. Un type au bouc. Qui portait encore le bouc ? Norb de toute évidence. Il semblait en grande forme physique. Un adepte de salle de sport sans doute. Sec comme une trique. Pas le type à qui se frotter. Un homme de main en somme. Maintenant il savait à qui il avait à faire. Restait plusqu’à le voir commettre une erreur.
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