- Vous croyez que vous allez vous sortir d’ici ? Dites moi, M. Peyroux à qui croyez vous avoir à faire ? - A une belle bande d’enculés. Sous fifre de mes couilles. - Des insultes, toujours des insultes. Dites moi, comment se passe votre redressement fiscal ? Pas trop dur ? - Et vous, avez vous un double de clé  ? - Oh, il va arriver vous pouvez en être sûr. Je ne suis pas seul. - Moi non plus. - Certes, mais ceux qui sont avec vous sont sous les ordres de ceux qui sont avec moi. Comprenez vous ? Comprenez vous que vous ne nuirez plus jamais à ceux qui souhaitent le bien de cette ville. - Oh. Le bien de cette ville. En vendant de la dope, exploitant la misère sociale et vous occupant des pauvres comme on gère du bétail. Je n’appelle pas ça faire le bien. Ni vivre en paix. - Toujours la même rengaine. Le crime fait partie de l’homme. On ne peut lutter contre la nature. Seulement la canaliser. Vous ne comprenez rien. - Vous m’emmerdez. Faites moi plutôt sortir d’ici que je vous explique autre chose sur la nature humaine sale fils de pute. Norbert Saint Jean, alias Franck Delaporte, lui décocha une gifle puissante. Stéphane sentit sa lèvre supérieure se fendre. Il cracha du sang. Un mollard rouge sur une terre ocre. Combien de personnes étaient mortes ici ? Combien de personnes avaient subi l’inquisition des bien-pensants ? Il espérait être le dernier. Ce serait toujours ça. La lumière, électrique cette fois, rallumée par Delaporte/Saint Jean, Stéphane avait pu voir ce que le moyen âge avait de moins glamour. Et ce que la religion avait de plus sordide. Des pieux. Des pièges à loups. Et tout un attirail d’instrument coupants, tranchants, perforants bien alignées sous la voûte de la crypte. Tous étaient luisants et brillants. Tous servaient encore. Tous avaient leur utilité. Tous allaient être mis à contribution. Ici. Maintenant. Sur Stéphane. Il le comprit en voyant Saint Jean se retrousser les manches et balayer du doigt l’attirail. - Vous ou vos amis avez volé quelque chose. Quelque chose de capital. Un instrument précieux à celui qui m’emploie. Et figurez vous qu’il ne veut plus me voir tant que je ne lui ramènerai pas. Alors vous avez deux options, M. Peyroux. Ou vous me dites, en personne avisée, il se trouve, ou je vous extorque sa situation de la plus ancestrale des manières. - Je ne sais même pas de quoi vous parlez. - Le déni est le premier des aveux, continuez. Cette fois le coup que Saint Jean porta à Stéphane le fit tomber à la renverse. Et des milliers d’électrodes semblaient brûler sa joue gauche. Une terreur glaciale lui remplit le cœur. Il allait mourir. Il allait mourir sans savoir pourquoi. Il allait mourir sans savoir pourquoi et sans pouvoir se défendre. Putain, quelle vie merdique. - Qu’est ce que vous voulez que je vous dise ? Que j’ai le carnet d’adresse de Lazar ? Que je sais tout sur vos petites affaires ? Pauvre abruti je ne connais même pas ton vrai nom, Delaporte. - Oh. Monsieur est une victime alors. La même douleur encore. Plus forte. Plus étourdissante. Plus fatale. - est le portable de Monsieur Lazar, M. Peyroux ? l’avez vous caché ? Encore la douleur. Deux fois de suite. Des larmes qui piquent inondant les yeux. Et les mâchoires qui se serrent. Impossible. Impossible de rester sans rien faire. Quand on frappe un innocent, il a pour lui la rage des injustices. Stéphane se releva et fonça sur Delaporte comme il essuyait sa massue. Ils tombèrent tous les deux sur le sol, Stéphane sur Delaporte. Stéphane assura sa prise en écartant les jambes. Et, foutu, pour foutu, prit le maximum d’élan que lui permettait son cou et balança sa tête en hurlant sur le visage de Delaporte qui craqua au premier impact. - C’est qui le barbare, hein ? C’est qui le fils de pute, enculé de ta race ? Tu crois que je viens du même monde que toi bâtard ? Tu vas comprendre ce que ça fait de souf… - Stéphane ! ARRETEZ CA TOUT DE SUITE ! La lumière était entrée dans la crypte sans qu’ils ne s’en aperçoivent. Noé et le commissaire Monchaud étaient entrés eux aussi. Mais Stéphane avait tellement mal. Tellement mal au cœur, qu’il ne l’avait pas écouté.
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