C'était
un
client
difficile.
C'est
en
tout
cas
comme
ça
que
Ziad
le
lui
avait
présenté.
Le
genre
de
mec
à
lire
les
petites
lignes
d'un
contrat
et
la
palanquée
de
conditions
générales.
Et
même
de
les
surligner.
Et
même
d'avoir
des
questions
à
poser.
Même
pour
un
prêt
pour
voiture.
Soit
un
simple
prêt
à
la
consommation.
C'est
d'ailleurs
ce
qu'il
avait
fait,
poussant
le
bouillant
Ziad
jusque
dans
ses
derniers
retranchements
et
l'obligeant
à
faire
appel
à
Noé,
lui
refilant
la
patate
chaude
par
la
même.
Ce
n'est
pas
que
Noé
était
enchanté
mais
il
n'avait
pas
le
choix.
Il
avait
une
montagne
de
statistiques
à
faire
parvenir
au
siège
et
avec
l'histoire
d'Ibrahim,
il
n'avait
toujours
pas
fait
l'évaluation
du
personnel.
Deux
mois
de
retard.
Et
une
palanquée
de
mails
de
plus
en
plus
véhéments
de
la
R.H..
Et
pourtant,
il
devait
le
recevoir.
Le
type
était
en
salle
d'attente
et
Noé
avait
cru
bon
de
faire
un
dernier
point
avec
Ziad
avant
de
le
recevoir.
C'était
autant
pour
une
question
que
pour
faire
mariner
le
gaillard et voir son comportement sous pression.
Il
prit
donc
le
temps
de
finir
son
mail,
Ziad
regardant
par
la
fenêtre,
conscient
de
la
manœuvre,
puis
leva
les
yeux
vers
Ziad
qui
revint immédiatement dans le bureau.
• Alors ?
•
Alors,
alors,
j'en
peux
plus
Noé,
il
en
est
rendu
à
m'interroger
sur les conditions générales.
• Un coriace quoi
• Jamais vu ça
• Moi une fois, j'ai failli lui faire bouffer son porte document.
• Ha ! Et comment vous vous en êtes sorti ?
•
Je
ne
m'en
suis
pas
sorti,
il
est
parti
faire
chier
les
gars
de
la Banque Agricole. C'est pour quoi exactement ?
•
Un
Dacia
Sendero.
Un
putain
de
Dacia
Sendero.
On
a
le
package
complet,
pas
d'entourloupe
ou
de
clause
cachée,
tout
est
transparent.
C'est pour ça que je comprends pas.
• Je crois que je commence. Et le gars, il est client chez nous ?
• Non. Vient de la banque Agricole.
•
Ah.
Ça
s'appelle
un
retour
à
l'envoyeur.
Allez,
on
l'a
assez
fait mariner, dites à Jasmine de me l'envoyer.
• OK. Et bonne chance.
Trente
secondes
plus
tard,
Noé
vit
entrer
un
homme
entre
soixante
et
soixante-dix
ans,
avec
costume
et
attaché
case,
les
cheveux
plus
gris
que
blonds
et
rasé
de
près.
Quand
il
salua
Noé,
ce
dernier
nota
une
forme
de
condescendance
et
en
même
temps
de
révérence
qui
le
mit
mal
à
l'aise.
Le
type
semblait
considérer
Noé
comme
le
DG
de
la
banque
ou
un
truc
qui
ne
collait
avec
son
statut
de
chef
d'agence
d'un
quartier
populaire.
Un
quartier
dont
il
ne
venait
pas
de
toute
évidence.
Cela
renforça
le
malaise
chez
Noé,
le
signe
de
tête
révérencieux
lorsqu’il
fut invité à s’asseoir n'arrangea rien.
Pas
de
temps
à
perdre
avec
ses
conneries,
finit
par
se
rassurer
Noé.
Il n'y alla donc pas par quatre chemins.
•
Alors,
Monsieur
voit
des
problèmes
là
où
il
n'y
en
a
pas ?
Quelle
est
votre
banque ?
Pourquoi
revenir
chez
nous
si
vous
y
trouvez
à redire ?
Plutôt
que
de
le
voir
serrer
des
fesses,
Noé
vit
le
type
sourire
à
pleines
dents
et
lever
une
main
comme
pour
dire
« attendez,
vous
allez
tout
comprendre »,
il
posa
son
attache
case
sur
la
chaise
à
sa
droite
et
en
tira
une
liasse
de
documents
que
Noé
reconnut
comme
le
package
de
papiers
standards
pour
un
prêt
automobile.
Ce
qu’il
vit
ensuite
le
surprit au plus au point.
L'espace d'un instant.
Devant
lui,
Noé
vit
le
type
se
lever
prendre
la
liasse
de
feuillets
et
la
jeter
dans
la
poubelle
puis
revenir
s'asseoir
devant
Noé
qui
avait
la
tête
qu'il
s'attendait
à
voir
sur
son
client.
Celui
ci
leva
une
fois de plus la main.
•
Je
suis
là
pour
vous
M.
Ouedraougo.
Et
je
suis
client
du
Crédit
Populaire
depuis
ma
naissance,
mais
rue
de
la
Régratterie,
c'est
pour
cela
que
vous
ne
me
connaissez
pas.
Et
je
ne
vois
aucun
problème
comme
vous venez de le constater.
•
Excusez
moi,
mais
pourquoi
venir
risquer
votre
voiture
aux
Couronneries, je parle de celle que vous avez.
• Je n'ai pas de voiture, et veux vraiment en acheter une.
• Mais pourquoi chez nous ?
• Pas ici, mais avec vous.
• Avec moi ?
• Oui, je sais que vous avez le bras long.
Le regard qu'il lui lança finit de tremper de sueur Noé.
3
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Le mot de trop
L’ANTIDOTE
