C’était une évidence. Une évidence éclatante. L’argent manquait. Et le montant dans l’enveloppe en était l’exact équivalent. Cet argent, Noé savait ce qu’il recouvrait. La traite des migrants. Leur transport et leur logement, ici, sur Poitiers. Le flux régulé des migrants, loin des camps officiels de la région. Loin de la légalité. Avec la promesse d’arriver à Calais. Moyennant un peu plus d’argent encore. Il le savait pour en avoir parlé avec Ibrahim. Ibrahim qui se tenait à côté de lui, des larmes pleins les yeux d’avoir lui expliquer le pire. Ibrahim si frêle et à nouveau apeuré. - Tu crois qu’il vont venir m’enlever ? - Non Ibrahim. Tu ne crains rien. Tu ne crains plus rien du tout. Nous veillons sur toi à présent. Et tu as nul besoin de partir. - J’ai peur tonton. - Viens là. Noé prit son cousin dans les bras et lui murmura que tout allait bien se passer. Que tout allait s’arranger. Que le vérité finit toujours par triompher. Que les méchants perdent toujours. Toujours. Autant de paroles qui lui écorchaient le cœur. Parce qu’elles étaient fausses. Le mal triomphe toujours. Il est une partie intégrante de l’Homme. Et donc de la société. Seulement ce pauvre gosse ne méritait pas la vérité. Il méritait le repos. Noé s’écarta doucement de lui et lui adressa un sourire plein de tendresse. - Allez, je t’ai assez embêté. Ne t’inquiète pas. Rentres à la maison. Quand il se fut assuré que son cousin était bien rentré, il retourna devant son ordinateur et lança la routine fichée dans son ordinateur de bureau, bas, place Coïmbra. Il lança le programme et les chiffres se succédèrent comme autant de preuves de la double vie de Jean Claude Lazar. Deux comptes séparés. Plus tous les placements qui faisait de lui un des multimillionnaires de la ville. Il poussa sa recherche jusqu’à identifier quatre montants mensuels. Tous des dépôts d’argent liquide. A date fixe. Le 5 du mois à plus ou moins deux jours. La dope. Les putes. Le jeu. Et la traite. Ce que Noé ne comprenait pas, c’était pourquoi s’en prenaient ils à eux. Il était suffisamment riche pour se passer de deux mois. Et lancer ainsi des accusations ne faisaient que le mettre sous le feu des projecteurs autant qu’eux. Il préparait quelque chose, c’était évident. Mais quoi ? Il avait besoin d’aide. Besoin d’autres cerveaux que le sien pour évoquer les possibilités. Devant lui, l’écran de son ordinateur portable était vert et noir. Il se dit qu’il avait tout ce qu’il fallait. Mais rien pour le prouver. Tout ce qu’il faisait était illégal. Donc irrecevable par la Justice. Sauf si c’était le fruit d’un enquête menée par les services d’ordre. Noé avait eu vent de la manière dont le nouveau commissaire avait renvoyé paître Stéphane. Il se tourna donc vers le seul qui savait à même de jouer son jeu. Favreau. Il captura les écrans et les annota de ses connaissances puis les crypta et les envoya à Favreau via Telegram . Puis il se dit qu’il était bien trop dangereux de garder trace du programme de Anna sur son PC de bureau, il déclencha la commande de destruction place de coïmbra et sur son ordinateur perso. Puis il ferma sa session Windows, débrancha sa connexion internet et se saisit de son portable. Il ne connaissait que deux personnes qui pouvait l’aider à mettre des mots sur ce qui lui manquait.
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L’ANTIDOTE
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