Stéphane avait tout prévu. Il avait commencé par donner sa journée à Ibrahim qui était trop content de bénéficier d’un jour de temps libre en plus. Comme ils l’avaient tous espéré il s’était vite acclimaté à la vie poitevine et passait son temps à rigoler avec ses potes devant la PS4 que les parents de Noé lui avaient offerts en même temps que leur hospitalité ou à jouer au foot le plus souvent au Jardin des Plantes. Il s’était fondu dans le décor en somme. Et même si il faisait encore des cauchemars qui allaient jusqu’à réveiller toute la maisonnée, on pouvait dire qu’il allait mieux. Donc. Donc Stéphane ne voulait pas rater le coche. Ibrahim congédié, il avait passé la soirée à nettoyer son bouclard et ce que, dorénavant, il appelait sa panic room. Il avait même épousseté son clavier, rangé ses factures et classés les documents de Mme Giovanni. Mme Giovanni. C’était pour elle que le lendemain matin, il s’était rasé tête et barbe et apporté tôt la recette du pain à Yvan. Qui l’avait accueilli comme il se doit. - T’es beau comme un camion. Qui c’est que tu vois, comme ça ? - Ma comptable. Faut que je fasse bon effet, elle est pas commode. - Hin ! Elle te plaît oui ! - Porte nawak. - C’est ça gamin. Si tu veux. En tout cas ça me fait plaisir. - Merci Yvan - Allez tu vas assurer. Moi j’vais m’coucher. Bonne chance. - Merci. Grillé. Et particulièrement fébrile au fur et à mesure que l’horloge se rapprochait de 11h30. Il avait prévu de lui faire faire le tour de son bouclard puis de lui montrer les efforts qu’il avait fait et pu faire en matière de gestion de sa comptabilité afin de justifier l’embauche d’Ibrahim avant de l’emmener gentiment sur les coups de 12h30 au restaurant du Lycée Kyoto il espérait au moins connaître son prénom. Il était tellement rouillé qu’il ne savait même pas comment il allait faire. Il se répétait en boucle « laisse venir, c’est le mieux », mais même ça lui semblait compliqué. Toujours est il qu’elle arriva alors qu’une file de clients attendait pour payer. Ça n’était pas comme ça qu’il avait vu les choses. « Laisse venir, c’est le mieux » Il encaissa tout le monde avec le sourire sans savoir exactement ce qu’il encaissait puis alors que Mme Giovanni avait commencé sans lui la visite, il ferma la porte d’entrée et se dirigea vers elle. Il était 11h45. Bon sang, il allait devoir jouer serré. Il avait réservé pour 12h30 et il avait moins d’une heure pour lui dire que tout allait bien. - L’aménagement vous plait ? - C’est correct. Optimisable mais correct. - J’ai fait au mieux. - Vous connaissez les principes d’achalandage de Herrio ? - Les quoi ? - Oui. Bon. Je vous enverrai un lien pour que vous en preniez connaissance. - Euh Merci. Bon Dieu, il n’avait pas le souvenir qu’elle put être aussi froide. «  Laisse venir, c’est le mieux » - Je peux vous montrer ce que l’embauche d’Ibrahim m’a permis de mettre en place en matière de comptabilité ? - Je suis impatiente. Il l’entraîna dans la panic room, et l’invita à s’asseoir devant l’ordinateur. Elle le dévisagea d'un regard interrogateur avant de comprendre qu’elle n’avait qu’à cliquer. - Hum, je vois. C’est propre. Cela vous nous aider pour votre audit. - Audit ? Quel audit ? - Dites moi, vous avez bien une boite aux lettres ? - Oui, oui, bien sûr. - Vous l’avez regardé hier ? - C’est-à-dire que… - Laissez tomber je vais vous spoiler son contenu. Vous êtes sous le coup d’une inspection du Trésor Public. - Mais ? Pourquoi ? Vous m’avez dit que bien que je ne sois pas le meilleur comptable je payais toujours à temps. Grâce à vous. - Le problème n’est pas les échéances. Mais leur montant. - Comment ça ? - Mais c’est à vous de me le dire M. Peyroux. C’est bien vous qui avez le bras long, non ? A cette dernière question, Stéphane comprit qu’il pouvait faire une croix sur le restaurant. Et le prénom. Et que tout ce qu’il gagnerait à laisser venir serait de gros emmerdes. Oui. L’après midi s’annonçait long. Et particulièrement surprenant à en croire sa dernière question. - Bien. Par quoi on commence alors, Mme Giovanni ? - Appelez moi Rose. Commençons par nous dire la vérité Stéphane.
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