Alors comme ça, Jean Claude Lazar venait de leur déclarer la guerre. En gros, genre affiche de cinéma. Pleine page dans la Nouvelle Presse du Centre. Cet enfoiré devait avoir le bras sacrément long pour les mettre tous les trois dans l’embarras. Un embarras tellement grand qu’il avait pu le mettre sur la touche. Karim n’en revenait pas. Comment avait il su qu’ils étaient à la base de la condamnation de son frère. Et pourquoi se sentait il de le défendre ? Il était coupable après tout. Il avait même avoué. Qu’est ce que cela cachait ? Impossible à savoir pour l’instant. Tout ce que Karim savait, c’est qu’il était dans la panade. Il venait juste de sortir des locaux de la CGT et Fabrice Grosjean, le délégué pour le C.H.U. avait été on ne peut plus clair. Ils allaient engager une procédure. Mais cela allait être long. Plus d’un mois. Et tout ce qu’il pouvait espérer c’était que le blâme ne le poursuive pas toute sa carrière. Pour la mise à pieds, il s’était montré beaucoup plus prudent. Bordel. Les traites allaient tomber et il n’avait pas un sou d’avance. Et il ne se voyait pas demander à Aïsha de l’aider. Elle gagnait la même chose que lui et même s’ils partageaient les frais depuis son emménagement, elle ne pourrait absorber la totalité de ses charges du mois. En descendant de sa voiture, il était toujours soucieux. Et sa tête était farcie de questions. A tel point que sa tête tournait. Hébété. Voilà comment il était. Et il ne savait pas comment réagir. Il ferma sa clio et tourna la tête vers le Guevara. Peut-être qu’Arlette lui serait d’un certain réconfort. Il s’avança jusque sur le pas de la porte du bar. Fermé. Elle devait être à Vivonne. Tant pis. Il allait faire le dos rond et espérer que tout cela passe comme c’était venu. Après tout nous vivions une époque de l’immédiateté. Les nouvelles défilaient tellement vite, que la leur serait bientôt chassée par la prochaine. Même dans une ville tranquille comme Poitiers. Oui. Il devait tenir un mois puis la vie reprendrait son cours. Il poussa la porte de son appartement en se rassurant comme cela. Une fois la porte fermée, il s’aperçut qu’il avait laissé la lumière allumée dans le salon. Il s’avança jusqu’à la lampe halogène et faillit tomber raide. - Bonjour Karim - Commissaire !?! - Lui-même. - Comment … - Aïcha m’a ouvert avant de partir. - Café ? - Volontiers. Karim alla faire couler deux cafés allongés avec un sucre pour Favreau sans que l’un ou l’autre ne parle. Par la fenêtre, les nuages noirs de novembre commençaient à déverser leur cargaison d’eau. La boivre crépitait sous le choc. Du moins il l’imaginait. - Tenez. - Merci Karim. - Qu’est ce qui se passe commissaire ? - Il se passe que nous sommes dans la panade. - Comment est ce possible ? Comment a t il pu savoir ? Je veux dire pour nous. On a jamais été en première ligne. Tout ce qu’on a fait c’est témoigner. Tout le reste a toujours été secret. N’est ce pas ? Dites moi qu’il ne savent pas le quart de la moitié de ce que nous avons fait. - Il sait tout. Les russes, Bob le tox’ , la nuit de l’abattoir, ma mutation, l’homme en noir. Tout. - Bordel, mais com… - Oui, et je vous assure que c’est l’inquisition dans mon service. Une balance. Une vrai balance. Une taupe. Un traître. - Mais j’ai une confiance totale en mes hommes. La vérité est que Lazar a quelque chose en tête. Et c’est accroître son assise sur la ville. Il veut avoir les coudées franches. Et sa tribune est une manière de se débarrasser des gêneurs. - Je vois. Tourner les projecteurs ailleurs. - Oui, la population, nous, nous avons ras le bol des copinages et des magouilles, nous voulons des chevaliers blancs. Et quoi de plus frappant que de se présenter comme une victime d’allégations mensongères pour se montrer plus propre que Paic citron. - Je vois. Mais cela ne nous dit pas comment il sait tout. - Tout va commencer par là Karim.
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