Stéphane éteignit sa télévision. Il était cinq heures dix du matin et dix minutes connecté à BFMTV lui avait suffi. Toujours le même décompte. Toujours la même crainte. Toujours les mêmes experts. Et des accents de fin du monde dans chacune de leurs prises de paroles. Comme si la situation échappait à tout contrôle. A vrai dire il semblait en être le cas. Pour avoir mis à l'arrêt complet le pays, c'est que la situation échappait au contrôle. Et qu'il s'agissait de limiter la casse. La question que Stéphane se posait, comme beaucoup de monde pensait il, était : combien de temps cela va t il durer ? Et surtout combien de temps pourrons nous tenir ainsi enfermé ? Il posa la télécommande sur sa table basse, finit son mug de café et enfila un sweat shirt avant de se diriger vers son magasin. Au moins avait il cette chance. Il pouvait sortir ; il lui restait un minimum de lien social et d'activité. Bien que cela fut difficile à obtenir. Le vent était frais. Les fragrances du printemps commençaient à percer le long du parc de Saint Eloi si bien que lorsqu'il arriva à hauteur de son magasin, il était aussi réveillé que prêt à affronter la journée. Tout allait s'arranger. Tout finit par s'arranger. Il saisit le code d'accès à sa panic room puis apposa son pouce sur la reconnaissance d'empreinte et entendit le clac de sa porte. Il l'ouvrit et commença par lancer le mécanisme d'ouverture du rideau. Il n'avait pas eu le temps de fixer l’accroche au sol que Fanfan lui avait dit d'installer pour éviter toute intrusion. Il le ferait en débauchant. Il lança son ordinateur de surveillance et ouvrit la porte du magasin puis se dirigea vers son comptoir. Ça sentait encore la pisse. Il était bon pour tout javelliser. Puis il prit son masque et s'élança pour aller à la rencontre d'Yvan. Il n'alla pas plus loin que les petits pois. Fanfan. Fanfan qui ronflait calmement. Et accompagné. La fille était dans ses bras et ronflait également. Un capote usagée avait presque glissé sous le présentoir des alcools encore une fois copieusement visité. Bordel. Il faudrait pas que cela devienne une habitude. • Wow Fanfan ! Debout ! Le bougre ne réagit même pas, continuant à dormir comme un loir. La femme dans ses bras non plus. Ils devaient être complètement déchirés. Stéphane se pencha et le secoua. D'abord doucement puis vigoureusement. Mais au lieu de se réveiller Fanfan roula sur le dos, comme un pantin désarticulé. • Fanfan ? Cette fois ci, Stéphane lui asséna une bonne baffe. Il ne réagit pas davantage, comme un réflexe, il ajusta son masque et saisit son téléphone. Comme le sonnerie du 15 résonnait dans ses oreilles, Yvan apparut à la porte. Il portait son panier de baguettes comme tous les matins. Sa mèche rebelle s'envolait comme tous les matins. Et son ventre était couvert de farine comme tous les matins. Mais pour la première fois il oublia son pain, laissant tomber son panier et répandant ses baguettes sur le trottoir. Pour la première fois aussi, il fit un pas en arrière et mit son masque. Avant d'apostropher, la voix paniquée, Stéphane. • Bordel, sors tout de suite d'ici, fils ! Stéphane lui demanda de garder le silence puis enfin le téléphone ouvrit la ligne. • SAMU 86 bonjour.
18
Intouchable
L’ANTIDOTE
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