Le type de la mairie avait été on ne peut plus clair. Pas d’aménagement, pas d’ouverture. Stéphane avait jusque réussi à passer entre les gouttes mais des langues bien pendues avaient trouver injuste qu’il ne soit pas impacté par le virus. Aussi, bien que le confinement soit en place depuis un moment, il n’avait mis que du gel hydro alcoolique à l’entrée et collé des stickers sur le sol pour la distance. A part ça, tout était normal. Et son chiffre d’affaires avait sacrément gonflé en peu de temps. Seulement, voila. Les types de la mairie étaient venus. Ils avaient tout inspecté. Et lui avaient dit : pas plus de cinq clients dans le magasin. Moins qu’avant le confinement. Bien moins depuis. Que pouvait il faire ? Fermer boutique ? C’était la mort assurée. Il bénéficiait déjà du fait que ce soit un épicier même si ce n’était pas ce qu’il vendait principalement et surtout du pain et du journal qui ne lui rapportaient que des clopinettes compte tenu des partenariats qu’il avait passé. Peu importe. Alors aujourd’hui, il n’avait réussi à ouvrir qu’aux alentours de 15 heures. Et son magasin semblait emballé dans du cellophane. Devant sa table/comptoir, il avait galéré à fixer une vitre en plexiglas avec une petite ouverture pour passer l’argent ou la carte bleue. De ce côté pas trop d’inquiétude. Le problème c’était la distance. Putain. Même cinq personnes c’était trop. Il avait cru bon de mettre des marquages à 1,50 mètres dans tout son petit bouclard. A 15 heures, il rouvrait pourtant son magasin. Et il y avait plus de dix personnes avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit. Il tenta tant bien que mal de leur dire de se laver les mains et de respecter le marquage au sol, mais vu leur façon de prendre les bouteilles à la sauvette, il était pratiquement sûr qu’aucun n’avait d’attestation. Des alcoolos. Des vrais alcoolos. Alors il n’avait pas insisté et avait tout encaissé, en se lavant régulièrement les mains. Une bonne journée malgré tout. Jusque là. Jusqu’à ce que une patrouille de police ne les fasse s’envoler comme des moineaux. Les gars avaient rigolé en les voyant planquer leurs bouteilles sous le manteau. Stéphane, lui, sentit qu’il n’allait pas rigoler. Pas rigoler du tout. - Police. - Bonjour messieurs. - On nous a signalé des manquements aux nouvelles règles d’hygiène. - Ah bon ? - Jouez pas au con avec nous et faites nous voir votre autorisation. Pour pouvoir continuer à travailler Stéphane avait pointer à la Préfecture pour obtenir son autorisation d’ouverture. Et il avait aussi remplir tous les papiers pour justifier le fait qu’il vendait bien des produits de première nécessité. A savoir le pain. - Alors comme ça on est le caviste du coin ? - Les gens sont encore libres d’acheter ce qu’ils veulent non ? - Oui, mais vous n’avez pas le droit de leur vendre n’importe quoi. Vous n’avez pas de licence IV, n’est ce pas ? - Ben non - Alors demain quand on repasse y’aura plus de bouteille dans les rayons ou y’aura pas de magasin ouvert. - Je peux laisser les boites de petits pois quand même. - Vous trouvez ça drôle ? Papiers et registre de ventes.
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