- Si vous croyez que c’est mieux comme ça, je vous fais confiance Stéphane. - Je suis vraiment désolé Ibrahim mais j’y suis contraint. Je vais faire le nécessaire pour que tu aies accès aux revenus dont ils parlent à la télé. Et dès que ce sera terminé tu reviens. Ça va aller. - Merci. - Merci à toi. Fais bien attention à toi. On se revoit vite. On se revoit vite. Dès que c’est terminé. Les mots écorchaient le cortex de Stéphane. Vu ce qu’il comprenait, ce n’était pas prêt de se terminer. On n’avait même pas atteint le fameux pic épidémique. Les morts se comptaient en centaines de millions tout autour du monde. Et personne, personne, même les nations les plus puissantes, n’avaient de traitement efficace, encore moins de vaccins. Alors dans le cœur de Stéphane cet au revoir sonnait plus comme un adieu. Il le salua une dernière fois et le vit disparaître dans la rue comme un fantôme que l’on n’arrive pas à deviner. Bordel. Il secoua la tête, se passa la main sur son crâne lisse et pensa à Kobe Bryant. Pas le moment de gamberger. Comme disait le Black Mamba, c’était « on to the next one » maintenant. Il déverrouilla sa panic room et prit le dossier qu’il avait constitué avec Rose et Yvan. C’était sa dernière chance. Les connards de flics lui avaient fait fermer boutique. OK. Mais c’était de l’abus de pouvoir. Parce qu’il n’était certes pas un licence IV mais il était un commerce de proximité. Vendant des produits de première nécessité listés par le gouvernement. Alors, merde, il avait le droit de bosser. Il le devait. Pour ses clients. Pour Ibrahim. Pour lui. Il allait devenir fou s’il devait rester confiné, il le savait. Il posa ainsi le volumineux dossier sur le siège passager de son berlingo et s’assura une dernière fois que rien ne manquait. Il n’avait droit qu’à une tentative. Un essai. Une chance. Il mit ensuite le contact et s’élança vers la Préfecture. Quand il fut à portée de Carnot, il fut saisi par les devantures fermées et l’absence de passants. Post apocalyptique. Il voyait déjà des théories du complot que Trump ne manquerait pas de relayer pour salir les chinois et ce que les chinois ne manqueraient pas d’attiser pour le décrédibiliser. Ce con avait été jusqu’à dire qu’il fallait s’injecter de la javel dans les veines. De la javel. Dans les veines. Et dire qu’il y avait eu suffisamment de pauvres bougres pour le croire, c’était cela le plus post apocalyptique pour Stéphane. Merde. Il divaguait encore. On to the next one, bordel. Le temps du trajet à pieds jusqu’à la préfecture, il se répéta ce qu’il allait argumenter. Il savait ce qu’il avait à dire. Et il savait qu’il aurait une oreille attentive. Personne ne voulait que tout s’écroule. Et il se battait pour cela. A sa manière. Seulement quand il arriva devant les portes vitrées de la Préfecture, il lut une pancarte qui lui indiquait que les guichets et bureaux étaient fermés et que les dossiers devaient être déposés dans la boite aux lettres avant de sonner pour indiquer à qui ils étaient adressés. Un mail leur serait envoyé dès réception. Apocalypse. Oui. C’était l’apocalypse.
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L’ANTIDOTE
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