Karim était au chevet de Fanfan. Son état s’améliorait doucement. Toujours sous oxygène, il devait passer le cap de la deuxième semaine, d’après ce que lui avait dit son interne. Il dormait paisiblement. Et à son chevet, de l’autre côté du lit, Jeanine Blanchard. Elle le regardait avec beaucoup de compassion. Elle aurait presque pu être crédible. Si elle n’avait sa blouse blanche de laborantine. Karim se demandait d’ailleurs comment elle avait pu se la procurer. Il se demandait également si ce qui ressortait de sa poche latérale droite était bien l’instrument de la fin de Fanfan. Il savait que tant qu’il serait là, Fanfan vivrait. Le problème était qu’il n’allait pas pouvoir justifier sa présence longtemps. Déjà ses collègues lui lançaient des regards réprobateurs. Il restait trop longtemps dans la chambre. Beaucoup trop longtemps. Et si ses raisons avaient été reçus avec bienveillance, ils n’appréciaient pas de savoir qu’il ne leur faisaient pas suffisamment confiance. Un service de réanimation place les patients sous tellement d’appareils de surveillance que si ce qu’il leur avait dit était vrai, ils agiraient avec suffisamment de célérité. Il opta donc pour une autre option. - Est ce que vous souhaitez voir son dossier ? - Oui, oui, bonne idée. Je voudrais aussi voir sa titration en morphine. - Bien sûr. Je peux vous poser une question ? - Évidemment. - Comment vous connaissez ce patient ? - Vous le savez très bien. C’était le fils de mon mari. Vous ne vous rappelez pas m’avoir vu ? - Quand ? - Il y a une petite semaine, à la chambre mortuaire. - Oh. Peut-être, je vois un peu trop de monde en ce moment. - Jouez pas au con avec moi, Jaïsh. Vous savez très bien qui je suis et ce que je fais ici. Et je ne fais qu’accomplir sa volonté. Que vous le vouliez ou non. - Permettez moi d’en douter. Ça ressemble sacrément à de l’abus de faiblesse. - Prouvez le. En attendant, vous ne pouvez pas m’arrêter. - Si. Parce que la France n’autorise pas ses pratiques. - C’est pour ça que je veux voir sa titration en morphine. Vous le savez très bien, une petite modification et c’est le grand saut. - Mais vous êtes malade ? Vous allez le tuer. - Exactement. - Merci. - Pardon ? Karim sortit son portable et lui fit écouter l’enregistrement de leur conversation. Il crut la voir virer au rouge de la tête au pieds. Cela s’appelait des aveux. Il la laissa dans le box et sortit pour passer son coup de téléphone prévu pour Noé et Stéphane qui étaient avec la police sur le parvis de Jean Bernard, prêts à la saisir sur le fait. Mais il avait fait mieux. Il lui avait soutiré des aveux. Et évité de mettre en danger Fanfan. Avec les vidéos du Crédit Populaire, celles du magasin de Stéphane et le témoignage de Jérôme, elle était bonne pour passer une bonne quinzaine d’années à l’ombre. Et ce n’était que justice. Ainsi la messe était dite. Seulement lorsqu’il voulut porter son smartphone à l’oreille il ressentit une violente douleur au rein gauche. La salope.
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Intouchable
L’ANTIDOTE
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