La confirmation attendrait. Le type que Stéphane avait joint par téléphone lui avait affirmé que rien ne s’opposait à sa réouverture s’il ne vendait pas d’alcool. Alors dès qu’il avait raccroché la veille, Stéphane était allé faire le ménage dans son bouclard. Il avait vidé les étals d’alcools et osé poser des produits de première nécessité dans un domaine qu’il ne faisait pas jusqu’alors. L’hygiène. c’était de rigueur. C’était bien pensé. Il pouvait voir venir les flics. A 23 heures il avait laissé ses bouteilles dans un coin et, perclus de douleurs liées à la manutention, il était rentré chez lui à pieds. L’air était encore frais dès que la nuit tombait. Il avait pressé le pas. Et ce n’est qu’en arrivant chez lui qu’ils se rendit compte qu’il n’avait pas baissé le rideau du bouclard, juste fermé la baie vitrée. Merde. Bon. Au pire Yvan veillerait sur sa devanture dès quatre du matin. Et les gens n’avaient pas le droit de circuler entre 22 heures et 5 heures, par arrêté municipal. Alors il s’était endormi la conscience tranquille. Il se réveilla au premier bip de son réveil. Frais et reposé. Heureux. Il allait pouvoir bosser. Il allait pouvoir sauver ce qu’il pouvait. Il allait éviter de déposer le bilan. Et rembaucher Ibrahim. Maintenant de cela il était sûr. Il était passé par super U après s’être lavé et avoir bu ses cafés pour acheter du ruban adhésif. Il avait fait un crochet par la pharmacie de Saint Eloi pour acheter quelques masques et de la solution Hydro Alcoolique et ensuite il avait filé jusqu’à son commerce. Une fois son berlingo garé, il n’eut pas le temps de descendre que déjà Yvan lui faisait des grands signes pour qu’il le rejoigne. Il avait coupé le contact, laissé ses achats et s’était avancé vers son ami. - Qu’est qu’il y a Yvan, t’as plus de farine ou quoi ? - Non, non c’est pire ! - Pire ? Pour un boulanger je ne vois pas ce qu… - Y’a un gars chez toi. - Hein ? - Ya. Un gars. Chez toi. - Qui ça ? - Je sais pas mais quand je suis arrivé y’avait de la lumière alors je me suis avancé pour voir. Pourquoi t’as pas baissé ton rideau ? - J’ai oublié. Alors ce gars ? - Sans doute un clodo, je crois que je l’ai déjà vu au centre ville ou je sais pas où. Mais sa tête m’est pas inconnue. -Gentil ? - Je sais pas. Mais je serais toi j’appellerai la police. - Peux pas. - Comment ça tu peux pas ? - J’ai pas encore l’autorisation d’ouvrir. - Couillon, t’es encore plus bête que t’en as l’air. - Merci. Ca fait plaisir. - Couillon va. Je vais venir avec toi et je prends mon bâton. - Il a ma batte. - Je croyais qu’elle était dans ta room ? - Je l’ai pas rangé hier soir. - Bordel t’étais bourré ou quoi ? Tu sais où tu bosses pourtant. - Bon t’inquiète je vais gérer. - Attends. Pendant qu’Yvan s’engouffrait dans son laboratoire, Stéphane, étonnamment tranquille, vint saluer Odette qui lui offrit deux pains au chocolat bien chaud qu’il mangea en quatre bouchées, le temps qu’Yvan ne ressorte. - Tiens. Prends ça. - C’est quoi ? - C’est comme le truc pour les bébés sauf que c’est pour mon pain. Un babyphone ? - Oui voila. Si tu l’allumes. Tu l’allumes ? Oui. Voilà. Et si je vois que ça se gâte je déboule. - Yvan… C’est qu’un clodo. - Mais… Écoute moi. On sait jamais. Y’a pas que des gens bien sur terre. - Si ça te rassure…
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