L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
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Depuis 2017
ALC Prods
Les bureaux du cabinet d'ingénierie mécanique Next Gen se trouvait dans la Zone République 2, pas très loin des établissements Penaud. Une place de choix pour ceux qui travaillait la plupart du temps en sous traitance des groupe comme la Snecma, Safran ou autres. Ils étaient ainsi au cœur de ce qu'il se passait. Facile d'accès. Immédiatement mobilisable. Noé gara son Captur sur le parking visiteur et s'avança décidé vers son rendez vous avec Georges Bellanger, le directeur du cabinet. Et il avait bien l'intention de comprendre. A défaut de savoir. Parce qu'il n'avait qu'une question et rien à mettre après. Il espérait que cela viendrait avec leur échange. Il avait choisi le cabinet parce qu'il avait été le plus drastique dans son dégraissage. Et les gens les plus intransigeants sont souvent les plus fiers. Et donc les plus enclins à revendiquer leurs conneries. Covid oblige il ajusta son masque, se lava les mains à la borne de gel hydro alcoolique dans le sas d'entrée puis alla se présenter au secrétariat juste en face. A sa droite, l'open space s'ouvrait à l'exception d'une cage de verre. Sans doute le bureau de Bellanger. D'entrée, il constata que de nombreux bureaux étaient vides et nettoyés. Le ménage avait été fait. Déjà. • Monsieur ? Monsieur je peux vous renseigner ? Excusez moi. Je suis Noé Ouedraougo. J'ai rendez vous avec M. Bellanger. Elle regarda l'agenda de son chef puis prit son téléphone pour annoncer l'arrivée de Noé et le pria de s'asseoir dans l'espace attente à sa droite. M. Bellanger allait venir le chercher. Le banc de quatre sièges en avaient deux de condamnés. Si bien que seulement deux personnes pouvaient s'y asseoir. Ca devait arranger tout le monde que la voilure ait diminuée. Noé posa ses fesses et observa. Il nota qu'il y avait de présent 3 ingénieurs pour 15 bureaux. Il savait que le cabinet était en effet passé de 15 employés à cinq. Cela voulait dire que deux d'entre les survivants étaient sur le terrain. L'attitude des 3 présents était effrayante quelque part. Ils ne parlaient pas. Ils ne buvaient pas. Ils ne prenaient pas de recul face à leurs écrans. Ils bossaient comme...des machines. Quelque chose clochait. Dans leur comportement. Dans le silence qui règnait. La peur d'être les prochains ? • M. Ouédraougo ! Vous vous décidez enfin à accepter mon invitation ? • Il faut croire que vos résultats m'y ont poussé... • Je vois. Allons parler de tout cela tranquillement dans mon bureau. Georges Bellanger portait fièrement sa trentaine d'années coincé derrière un bureau. Un ventre proéminent, d'autant plus qu'il était petit. Une légère scoliose et une atèle à son poignet. Il aurait eu bien besoin de venir faire un tour au Jardin des Plantes avec Noé, Karim et Stéphane. Ça sentait l'infarctus avant la soixantaine. Son regard, par contre traduisait un cerveau qui ne souffrait d'aucun raté. Un esprit brillant. Brillant et fier. Comme l'avait espéré Noé. Bellanger fit le tour de son imposant bureau et invita Noé à s'asseoir. Bellanger leur fit couler deux cafés et posa une petite coupelle de speculoos devant eux. Alors quel est ce problème si important qu'il vous fait sortir de votre bureau M. Ouedraougo ? Je ne crois pas que vous ayiez à vous plaindre des résultats de mon cabinet, non ? • Non. En effet. Et c'est bien cela le problème. • Le problème ? Je ne comprends pas. Votre bénéfice net est le plus élevé depuis que vous nous avez rejoint et vous venez de licencier les deux tiers de vos employés. • C'est ça qui vous chagrine ? C'est tout ? • C'est déjà pas mal. Alors dites vous que la ressource humaine a, comme les machines, une date de péremption. Viens un moment l'homme n'est plus au fait des dernières avancées technologiques et des derniers logiciels. Alors il devient obsolète. Je me suis débarassé de ceux qui étaient obsolètes, voilà tout.
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