L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
- Alors comme ça vous êtes un ami de Carl et Juliette ? - De leur fille, plus exactement. - On a été interne ensemble avec Carl. Un type bien. On peut pas en dire autant du mec de Karine. Vous le connaissez ? - C’est moi. - Elle a retrouvé quelqu’un ? - Non on s’est remis ensemble. - Ah. La vie n’est jamais ce que l’on prévoit. Et le passé reste toujours tenace. - Oui sans doute. - Bref. Vous avez des problèmes de concentration, c’est ça ? - Des problèmes de mémorisation. - Oui, c’est ça, c’est ça. On va commencer par un EEG et puis une IRM cérébral. Vous prendrez les rendez vous en sortant. - Vous ne me posez pas de questions. - Non. Vous n’avez plus de mémoire que vous me dites. A quoi cela servirait t il ? - Me prenez pas pour un con. - Me prenez pas pour un lapin de six semaines. J’ai accepté de vous recevoir pour Carl. Et je connais mon métier. Soit vous voulez faire croire que vous avez oublié quelque chose, soit vous voulez qu’on vous aide à oublier quelque chose. - Et vous pourriez faire ça ? - Faire quoi ? - M’aider à oublier quelque chose. - Foutez moi le camp sale raclure. Le professeur Jean Laubin s’était déjà levé et Noé comprit qu’il n’avait pas d’autre alternative que d’être aussi franc que possible. Impossible de tourner autour du pot avec des types comme ça. Trop intelligents. Trop savants. - OK, OK, Je ne suis pas là pour moi. - Et pourquoi êtes vous là ? Qu’est ce que vous avez fait à Karine ? Vous savez que c’est ma filleule ? Qu’est ce que vous tenez à oublier ? Soyez franc cinq minutes. Vous avez replongé , c’est ça ? Vous avez replongé et vous lui avez fait du mal ? - Oh, bordel, ça relève de la déformation professionnelle ça. - Les stéréotypes ont la vie dure dans notre métier. - Je suis parce que j’ai quatre boites au business très différents qui emploient tous des gens avec une mémoire eidétique. Et je ne crois pas que ce soit le fruit du hasard. Je crois qu’on les aide à avoir cette mémoire. Alors à mon tour de sombrer dans les clichés. Dites moi professeur, vous êtes une référence dans les traitements de la maladie de Gaillé Wernicke, n’est ce pas ? Est ce que vous n’auriez pas fait des expériences illégales sur de pauvres bougres ? - Merde. - Ha ! Le professeur fronça les sourcils en refermant la porte. Noé jubilait sur son fauteuil. La peur et la culpabilité venaient de changer de camp. Le professeur lui posa une main sur l’épaule, pensif. Il regagna ensuite son fauteuil, toujours dans ses pensées. Il s’assit sans bruit. On entendait presque son intense réflexion. Cela calma l’ardeur de Noé. C’était grave. De toute évidence. - Je crois que je me suis fourvoyé sans le savoir Noé. Vous permettez que je vous appelle Noé ?
21
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28