L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
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Depuis 2017
ALC Prods
Jamais Stéphane n’aurait pensé à se faire embringuer de la sorte. Comme de plus en plus souvent, Rose était venue passer la nuit dans son appartement. La nuit s’était très bien passée et le sommeil lui avait fait le meilleur effet. Ainsi dès son réveil il était en forme. Rare ces derniers temps. Sans doute Rose avait elle plus d’effet sur lui qu’il ne le croyait. Bref. Ce n’était pas le moment de dormir. Aujourd’hui, mercredi, était jour de marché. Et depuis un mois il ouvrait avec une heure d’avance pour profiter de ce que les gens se dirigeaient vers le bus direction les Couronneries pour leur offrir les meilleures baguettes d’Yvan. Cela s’avérait payant jusqu’à présent. Pour Stéphane comme pour Yvan. Ses meringues commençaient à devenir célèbres. Il sauta donc du lit avant que son réveil ne sonne en indiquant 4 heures du matin et se prépara à aller prendre sa douche lorsqu’une main le retint. - Tu vas où comme ça ? - Je vais au boulot. Enfin si tu me libères. - Je ne te lâcherais pas. Pas aujourd’hui . Un tout autre programme t’attends. - Mais je dois ouvrir. Tu sais bien que ce jour est le plus important de ma semaine. - Je sais. C’est pour ça qu’Yvan surveillera ton bizness et qu’Ibrahim fera le taulier. Toi, tu viens avec moi. - Pourquoi faire ? Maintenant, le déjeuner était passé depuis un bon moment et il n’arrivait pas à penser à son commerce. Pourvu qu’il n’arrive rien. Le type en face de lui parlait de sa start up. Un start up qui travaillait sur un traitement curatif innovant de la maladie d’Alzheimer. Rien que ça. A Poitiers. Enfin aux Portes du Futur pour être exact. Stéphane se serait trouvé au M.I.T., il aurait pu y croire mais là, alors que ces types ne faisaient que vendre leur produit parce qu’il voulait son argent, il avait du mal à voir une quelconque perspective positive à leurs travaux. Oh, ils avaient des C.V. en béton. Comme ceux qu’ils avaient vu le matin qui s’occupaient respectivement de nanotechnologies réparatrices ( genre Bloodshot de ce qu’avait compris Stéphane, Rose lui avait dit que c’était plus compliqué ) ou de béton sans armature ni fer aussi solide et malléable pour les constructions des gratte ciels. Tous ingénieurs des plus prestigieuses grandes écoles françaises. Tous convaincus de leurs travaux. Tous travailleurs acharnés. Tous rêveurs. Tous fauchés. - Stéphane ? Eric t’a posé une question. - Excusez moi la fatigue. Oui ? - Je vous demandais quelle somme vous étiez prêt à investir. - Et bien vous n’y allez pas par quatre chemins. - Le temps c’est de l’argent, vous connaissez le dicton. - Je ne suis pas convaincu par votre projet. - Sauf votre respect, vous ne l’avez pas écouté. Stéphane bailla, ne relevant même pas l’affront. Avant même que la journée ne commence il savait qu’il n’investirait pas un kopek dans ces boutiques foireuses. Tout ce qu’il voulait c’était retourner dans son bouclard et mener sa petite vie avec son matelas d’économies qui ne feraient que peu de petits mais qui seraient toujours là, tout de suite, pour subvenir à ses besoins dans les coups durs que la vie ne manquerait pas de lui réserver. Point barre. Alors il décida de lui donner de l’espoir. C’était dégueulasse. C’était facile. Mais c’est tout ce qu’il avait trouvé. Il se racla la gorge, ignora le regard réprobateur et les joues rouges de honte de Rose et planta ses yeux bleus dans celui de son interlocuteur au costume griffé. Le mec ne cilla pas. Stéphane n’était de toute évidence pas le premier à lui en mettre plein les mirettes avec des promesses foireuses. Tant pis. - Combien vous voulez ? - Ah ouais, et bien tout dépend de l’investissement que vous voulez faire. - Vous aider à lever des fonds, ce serait déjà pas mal non ?
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