L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Karim avait embrassé Aïsha avant qu’elle n’aille se coucher et avait enfilé un bas de survêtement et un t-shirt. Il avait un rencard. Avec la fille du commissaire. Rien de graveleux, simplement l’état de Marjorie l’inquiétait et il voulait en savoir plus. Aux infos, commençait à se faire entendre une petite musique autour des étudiants. Ils seraient en souffrance. En souffrance psychologique. Les analyses sanguines qu’elle avait eu n’avaient rien révélé. Tout était normal. Mais, comme les migraines n’étaient pas passées et qu’elles récidivaient, l’interne avaient décidé de la placer en observation et de lui faire passer un électroencéphalogramme. Examen de routine pour écarter toute atteinte cérébrale. Quand il était passé la voir à la fin de son service vers quinze heures, elle était toujours recroquevillée dans son lit d’hôpital dans la pénombre. Mauvais signe. C’est là qu’il avait appelé le commissaire. - Karim ! Que me vaut votre appel ? Vous savez que vous avez de la chance, je m’apprêtais à aller faire régner la loi et l’ordre dans cette ville avec un bon cappuccino. - Désolé de retarder votre petit plaisir commissaire. - Alors qu’est ce qui vous amène ? Des ennuis ? Un PV ? - Non, non. Rien de tout ça. C’est Marjorie qui m’amène. Karim entendit le bruit du cuir qui ploie sous les muscles du commissaire. Il entendit aussi son soupir. Il pouvait presque lire la gravité qui s’incrustait sur son visage. Il était au courant. - Il faudrait que je puisse voir votre fille. Pour lui en parler. - Pourquoi ? Elles ne se voient plus qu’occasionnellement. Ma fille n’a rien à voir avec tout ça. - Qu’est ce qu’elle a fait commissaire ? - Qui ? Ma fille ? - Non. Marjorie. A vous entendre on croirait que vous parlez de l’un de vos clients. - Oh, non, non. C’est juste que, enfin, vous savez quelle genre de vie elles menaient. Camille est sortie de tout ça. C’est tout ce que je sous entendais. - Votre fille n’est plus avec elle ? - Elle s’est réorientée. Je pensais que vous le saviez. - Non. Je n’ai pas pu être aussi présent que je voulais auprès d’elle. - Elle a passé le concours de l’Institut Régional des Travailleurs Sociaux et elle a été admise. - Oh. Et vous croyez que je pourrais la voir ? - Bien sûr. Je pense même que ça lui ferait plaisir. Elle est à l’institut aujourd’hui. Des TD. Vous avez de la chance. Elle finit à 16 heures. - Merci commissaire. - Pas de problème. Bonne journée le samaritain. 16 heures sonnait à Notre Dame la Grande et les étudiants de l’ I.R.T.S. sortaient en ajustant leur masques. D’autres l’enlevaient pour fumer. Il ne mit pas de temps à retrouver Camille. Elle était avec un petit groupe de filles et allumait une clope. Quand elle vit Karim son visage s’illumina et elle s’excusa auprès de ses collègues pour le rejoindre. - Karim ! Ça fait plaisir de vous voir. - Moi aussi. Je vois que tu as pris au sérieux ce dont nous avions parlé. - Oui. On dirait bien. Qu’est ce qui vous amène à l’IRTS ? - J’ai besoin de te parler. De te parler de Marjorie. Elle est hospitalisée et ça ne va pas bien. Je voulais savoir si tu avais des infos. Camille tira une taf de sa cigarette, tourna la tête vers ses collègues, comme si elle cherchait un point de fuite puis revint vers Karim, avec le visage plus grave. - Je suis désolé Karim, mais ça fait au moins deux mois que je ne lui ai pas parlé. On peut dire qu’on a pris deux chemins différents. Je construis ma vie autrement maintenant. - Tu ne pourrais pas l’appeler ? Pour moi ?
5