L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
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Depuis 2017
ALC Prods
Karim avait eu toutes les peines à franchir le seuil de la maison bourgeoise des Palmier. Située sur les hauteurs de Saint Benoit, elle ne payait pas de mine. Une maison poitevine. Ancestrale et indéboulonnable. Pétrie de siècles d’héritages. Les Palmier, enfin, Geoffroy Palmier était avocat au Barreau de Paris. C’était lui qui avait poussé sa fille vers le Droit. Et bien qu’elle se soit éloignée, il ne l’avait jamais renié. Ils étaient une famille. Et une famille c’est quand on veille les uns sur les autres. Ils en étaient le parfait exemple. C’est bien ce qui chagrinait Karim. Pas tellement, qu’il attendait maintenant dans la salle à manger devant un café trop clair, mais qu’il n’y avait aucune raison pour qu’elle ait servi de cobaye. Et qu’il ne savait pas comment il allait pouvoir leur annoncer. Leur annoncer que leur fille avait participé à une expérience illicite. Qui lui avait coûté la vie. - Excusez moi, M. Jaïsh mais avec l’action que nous avons engagé, je suis moi aussi sur la brèche. - Je comprend Madame Palmier. - Alors pourquoi venir jusque chez nous ? Vous avez dit avoir une information importante ? - Votre mari n’est pas là ? - Non il plaide aujourd’hui et demain dans le 16ème. Mais ne vous inquiétez pas, je suis au courant de tout. Alors, c’est quoi ce secret ? Karim se tortilla sur son siège par ce qu’il savait qu’il franchissait la limite. La limite du droit. La limite de son droit de réserve. Oui. De fait, Karim se tortillait sur sa chaise parce qu’il allait communiquer des éléments à la défense que la Défense pourrait retourner contre lui. Alors il n’était pas à l’aise. Pas à l’aise du tout. Mme Palmier dut le sentir et se pencha en avant pour lui poser une main sur l’avant bras. Son regard était chaleureux. Vraiment chaleureux. Et il n’était pas compliqué de voir que cette femme pleurait plus souvent que son tour depuis plusieurs jours. - Je vous remercie d’avance, Karim. Je sais ce que vous et vos amis avez fait pour notre famille. Je me doute que vous vous posez des questions sur notre capacité à manipuler votre secret. Je vais vous dire une chose. Nous ne sommes pas des menteurs et nous ne voulons aucun mal à votre collègue. Nous savons qu’elle n’y est pour rien. Mais nous devons savoir. Il y a quelque chose d’anormal. - Est ce que son comportement avait changé récemment ? - Oui. Ces migraines la rendait irritable. Sans parler de la pression des cours. - Elles remontent à quand à peu près ces migraines ? - Deux mois. Peut être un peu plus. Attendez… Mme Palmier se leva et attrapa juste derrière elle, sur le buffet en chêne massif patiné par le temps, un agenda qu’elle feuilleta rapidement avant de poser le doigt sur une page et enfin de revenir face à Karim. - C’est simple depuis qu’elle était allé passer son scanner, il y a deux mois et deux jours. - Un scanner ? - Oui, elle était sujette à faire des crises de tétanie. Nous pensions que c’était lié au stress. Nous avons essayé les plantes, la médecine douce puis Pierre avait rencontré le professeur Laubin qui nous avait conseillé de lui faire passer ce scanner au Biopôle. - Au Biopôle ? Vous êtes sûre ? - Bien sûr, tenez regardez la convocation. - Mais il n’y a pas de centre d’imagerie médicale au Biopôle, Madame Palmier.
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