L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Karim n’avait eu aucune nouvelle de Camille. Cela faisait deux jours maintenant qu’il l’avait croisé. Autant dire que la piste était froide. Il était cinq heures du matin, Aïsha dormait tranquillement et lui cherchait une explication. Dans moins d’une heure il allait prendre son service et il voulait savoir. Malheureusement la Toile ne lui apporta rien de nouveau. Simplement ce que les internes supposaient. Méningite ? Encéphalite ? Migraines ophtalmiques? Méningo-encéphalite ? Le diagnostic n’avait même pas été posé. Il savait par Aïsha qu’elle était sortie après 24 heures d’observation, le mal disparu avec du paracétamol et du repos. Ils lui avaient dit de sortir davantage. De prendre un peu de temps pour elle. Elle leur avait dit qu’elle ne pouvait pas se permettre ce luxe. Alors Karim avait appelé le centre social des Trois Quartiers pour savoir s’ils pouvaient lui laisser le temps de souffler jusqu’à ce que ses partiels soient passés. Ils avaient dit que ce n’était pas dans son contrat. Et qu’il n’avait pas son mot à dire. Ce qui était vrai. Il s’enfonça dans son fauteuil en fermant son navigateur web. Bordel. Quelque chose clochait. Quelque chose clochait avec cette fille. Il le sentait. Il le savait. Mais il ne pouvait mettre de mots dessus ou même avoir une explication. 5h55. Merde. Il allait être en retard avec ces conneries. Il fila sous la douche, embrassa Aïsha et s’engouffra dans sa Dacia direction le C.H.U.. - Vous êtes en retard Karim. Cela fait le deuxième fois en quinze jours. - Excusez moi. - Mouais. Mettez votre réveil en avance demain. - Je le ferais madame. Qu’est ce que sa cadre faisait ici avant la relève de nuit ? Il n’eut pas le temps de réfléchir à la question, son binôme infirmier l’appelait déjà pour prendre les transmissions. Cela s’annonçait tranquille. La vague de COVID était pratiquement derrière eux et le couvre feu limitait les déplacements. Sans compter les masques et la distanciation qui limitaient les maladies saisonnières, il n’aurait ce matin à sa charge que 4 patients. Pour de la bobologie. Son infirmière lui dit qu’elle avait besoin d’un café. Il lui dit que lui aussi. Il la suivit dans le petit placard qui leur servait de salle de pause et prépara le café. Les deux autres binômes ne tardèrent pas à les rejoindre. A deux c’était déjà coton de tenir, alors à six, il étaient au coude à coude. Et tous les yeux rivés sur l’écran de leur téléphone. Vive la modernité. Karim posa alors la question qui le taraudait. - Qu’est ce que la cadre fait ici à cette heure ? - Y’a eu un décès compliqué au lit porte. - Quoi ? Le type est mort deux fois ? Qu’est ce qu’il peut bien y avoir de compliqué dans un décès ? - La famille a porté plainte. - Merde. On la connaissait ? - TU la connaissait. C’est la meuf qui avait tout le temps mal au crâne. - Quoi ? Sa collègue leva les yeux de son smartphone et, déjà fatigué, planta son regard dans les yeux comme pour accentuer ce qu’elle lui asséna. - Ta pote s’est suicidée dans sa chambre.
8