L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
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Depuis 2017
ALC Prods
Stéphane regardait le sénateur Farrafin avec stupéfaction. Il ne savait pas s’il devait l’emplafonner ou le craindre. Ou les deux. Le type était venu jusque chez lui. Pas à son bouclard mais chez lui. Et il lui disait qu’il lui avait fait une proposition qu’il ne pouvait pas refuser. Plus maintenant. Parce qu’il en savait trop. Et que les enjeux dépassaient sa petite condition d’épicier. Alors il allait devoir payer. Sous peine de voir son épicerie fermer. Parce que Guillaume Desplechin n’était autre que le fils de Philippe Desplechin, P-D.G. de PoitouDiffusion. Tout était dit. Tout était clair. Alors Stéphane se leva de son fauteuil d’où Farrafin le surplombait sa tasse de café à la main et fit tout voler pour le prendre à la gorge. - Vous savez pas qui je suis enculé de politicard. Vous savez pas ce que j’ai fait. Vous savez pas ce que je suis prêt à faire pour survivre. Vous êtes avec une bonne étoile. La mienne m’a appris à me servir de mes poings. Je vous donne un conseil. Ne revenez jamais à mon domicile. Ne revenez jamais me menacer. Jamais. Ou je vous jure que plus personne ne vous reconnaîtra jusqu’à la fin de vos vieux jours de pourri. C’est clair ? Et si vous vous amusez à mettre Desplechin sur le dossier. Dites vous que je connais moi aussi quelques personnes qui seraient très intéressées par la nature de ses pratiques et des vôtres. C’est clair ça aussi ? Farrafin réajusta son col en toussant. Son visage était devenue presque violet. Il leva les yeux sur Stéphane. Et Stéphane vit que le message était passé. Très bien passé. Puisqu’il n’était que terreur. - Cassez vous ! Farrafin ne prit même pas la peine de fermer la porte de l’appartement. Stéphane l’entendit buffer en descendant les marches de l’escalier commun et le bruit mat de la porte automatique qui s’ouvrait sur lui. Il se rapprocha de sa fenêtre et vit la 508 dans laquelle il s’engouffrait. Il était seul à priori. Par précaution il nota le numéro d’immatriculation. Ce qu’il aurait aimé lui refaire le portrait. Une fois la tension descendu, Stéphane se dit qu’il était temps de se protéger. Et de les empêcher de nuire. Parce que si Farrafin venait jusque chez lui pour lui dire qu’il ne pouvait plus faire marche arrière, cela voulait dire qu’il l’avait mouillé jusqu’au coup dans une entreprise illicite. Il y avait autre chose qu’un traitement dessous. Il prit son portable et composa le numéro de Karl Monchaud. - Commissaire Monchaud. - Bonsoir, c’est Stéphane Peyroux. Je ne vous dérange pas ? - Stéphane ! Figurez vous que je suis avec Noé et que nous parlions de vous et de Karim. - Ah bon ? - Oui, il se trouve qu’il vient de découvrir des opérations sociales frauduleuses et que de fil en aiguille elles l’ont menés à soupçonner des choses particulièrement abjectes, notamment d’une entreprise que vous financez, Mémotech. Vous la financez n’est ce pas ? - Je viens de laisser partir son plus fervent défenseur. - Qui donc ? - Le sénateur Farrafin. Après l’avoir quasiment étranglé. - Vous m’inquiétez Stéphane. - Ces types font des expériences interdites sur l’homme. - Oui ! Le truc c’est que nous ne savons pas où. - Au biopôle sur le campus. - Et bien voila. Une autre chose inquiète Noé, c’est Karim. Il n’arrive pas à le joindre. Vous ne sauriez pas si il lui est arrivé quelque chose, des fois ?
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