L’ANTIDOTE
Silice et Carbone
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Depuis 2017
ALC Prods
Noé avait essayé de joindre Rabotin toute la mâtinée. Au moins une dizaine d’appels à sa secrétaire qui lui disait et redisait toujours la même chose. Il est en ligne. Hin. Il ne veut pas me parler, pensait il. Évidemment, ce qu’il avait fait remonter devait le chagriner. Le chagriner salement. Mais était l’avenir de la banque. Et il le savait. Rabotin le savait. Que ça lui plaise ou nom. Le Crédit Populaire n’était pas un Hedge Fund ou une banque d’entreprise. Mais ce n’était pas pourtant la raison de son appel. Il souhaitait le joindre pour une affaire bien plus pressante. Il avait besoin de plus d’infos sur le cas Batibat. Jérôme lui avait fait passer le dossier complet. Et les licenciements semblaient abusifs. Le devoir du banquier était de le signaler à l’administration. Sous peine de complicité d’abus de confiance ou quelque chose dans le genre. Bref, il fallait agir. Et seul Rabotin, au niveau de la Nouvelle Aquitaine avait le poids nécessaire et l’autorisation de déclencher une telle procédure. Une procédure lourde de conséquences surtout en période de pandémie la survie des entreprises privées ne tenait à rien. Mais plus que cela, Noé ne comprenait pas la logique. C’était comme si les hommes tombaient comme des mouches. Parce que tous les licenciements étaient survenus après des arrêts maladie qui avaient basculé en longue maladie. Bordel, ils avaient chopé une nouvelle merde ou quoi ? Il allait chercher dans le dossier si des infos médicales avaient filtrées lorsque son téléphone sonnait. C’était Jocelyne. - Monsieur, je vous passe M. Rabotin. - Merci Jocelyne. Allô ? - Noé. - Jean Claude. Que me vaut votre appel ? Vou vous êtes décidé à vous amender ? - Non. Enfin oui. Quoique.. Bref, je vous appelle pour le boulot. Pour un dossier surprenant que je me dois de vous signaler. - Ah. Je vous écoute. Noé ouvrit le dossier de Jérôme et lui fit une rapide présentation de la boite. Entreprise de maçonnerie vieille de 5 années. Fondée par Baptiste Fermier. Démarrage lent. Mais croissance rapide depuis que sa réputation avait été faite. Soit depuis une grosse année. Gros recrutement il y a six mois. L’entreprise passant de 2 à 12 salariés. Carnet de commande plein à craquer. Et ce mois, 6 licenciements bien que les commandes continuaient à affluer et que le confinement avait été levé et donc que les chantiers étaient à nouveau ouverts. Noé finit son briefing en lui expliquant qu’il ne s’agissait ni de licenciement économique ni de licenciement pour faute grave. Les 6 types étaient en longue maladie. - Ce sont des licenciements abusifs, alors. - Pourquoi l’ URSSAFF n’a pas bronché alors et que nous soyons les premiers à tiquer ? - Faites moi passer le dossier, et je vais faire le nécessaire. - Bien. Comme vous voulez. Tenez moi au courant. - Au revoir Noé. C’était ce qui s’appelle une communication minimale. Noé sentait la frustration le gagner. Il ne lui avait même pas dit ce qu’il entendait par nécessaire. Sans trop savoir pourquoi, il sentait que tout cela allait être renvoyé aux calanques grecques. A la différence de Rabotin, Noé faisait confiance à ses employés. Il faisait confiance à Jérôme. Si il sentait quelque chose, c’est qu’il y avait quelque chose. Il se leva alors, prit son ballon entre les mains et commença à le faire tourner, sans trop savoir à quoi il devait penser. Il avait besoin d’échanger. Il reposa alors son ballon qui roula pour tomber de son bureau et appela Jérôme depuis le pas de son bureau.
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