Noé venait de finir de dire tout ce qu'il avait découvert. Il était devant son écran d'ordinateur. L'écran affichait le tableur qu'il avait réalisé. Quant à lui, son corps y faisait face mais sa tête, comme depuis que Benjamin Potier était monté, était tournée vers la porte. A 90°. Et ce qui faisait le plus mal à Noé, n'était pas son cou. C'était son amour propre. Il ne savait même pas quoi penser de Potier. Encore moins ce que ce dernier pensait. Quant il lui avait parlé de vente à perte, de prêts à taux conjoncturels négatifs, de fortune à bénéfices constants, il n'avait qu'à peine bougé. Plus parce que son épaule souffrait du montant de la porte que de la teneur des propos de Noé. Et lui sentait qu'il n'était pas loin du lui planter les dents dans le montant de cette putain de porte. - Vous ne me croyez pas. - Si. Bien sûr. Je suis content que vous vous en soyez ouvert à moi. - Qu'est ce qu'on va faire ? - On ? - Oui. Nous. On ne peut prendre le risque de contacter les grands comptes ou la hierarchie, non ? - Peut-être pas en effet. Vous avez fait du bon boulot en tout cas. - Merci. Enfin Potier entra dans la pièce et ouvrit les bras, vers les cartons que Noé avait compulsé dans un temps record. Il semblait plus fier de cela que de ce qu'il avait dit. Il semblait ne pas avoir entendu ce que Noé avait passé la nuit à décrypter. Il semblait croire que demain serait comme aujourd'hui pour le Crédit Populaire. Il croyait que leurs vies n'étaient pas en danger. Parce que les cartons n'avaient plus lieu d'être. Il vint ensuite se poster juste derrière Noé et regarda l'écran. Il fronça les sourcils en faisant défiler les différentes lignes de la page de tableur. Puis il ferma le dossier et le fit glisser sur la clé USB. - C'est la seule copie ? - Pourquoi en aurai je fait une autre ? - Ce n'est pas bien Noé, on ne vous a jamais appris à faire des sauvegardes ? Tenez gardez celle ci. Potier lui tendit sa clé à Noé et inséra un disque dur pour copier tous les fichiers de l'ordinateur. La petite barre d'avancement indiquait 14 minutes et 54 secondes avant la copie complète. encore, Potier déstabilisa Noé. Il alla se poster à la fenêtre et respira un grand coup l'air encore un peu frais de cette matinée châtelleraudaise ensoleillée. - C'est fou ce que ça fait du bien de prendre l'air. Je crois que le printemps va être radieux. - Bordel de merde. - Pardon. - Je dis bordel de merde. - Mais ? Pourquoi donc ? - Vous êtes un incompétent de planqué. - Ah. A cause de votre travail ? Je n'ai pas vos qualifications Noé. Et surtout je ne suis ni juriste ni expert comptable. Tout ce que je vois c'est que les taux sont fixes. Et que personne ne s'est jamais plaint du Crédit Populaire. Le reste...eh bien...Je peux vous poser une question Noé ? - Oui ! - Pourquoi briser la roue lorsqu’elle tourne si bien ? - Ah. Je vois. Bon j'ai bossé toute la nuit M. Potier. Je peux prendre ma journée ? - Mais bien sûr ! Parfait. On se voit demain. Le visage de Benjamin Potier était lumineux lorsqu'il vint prendre son disque dur et serrer la main de Noé. Il avait disparu avant qu'il n'est le temps de lui lancer une nouvelle pique. Drôle de type pensa t il. C'est là qu'il vit que sa clé manquait également. Sale type en fait rectifia t il. Et cruel acheva t il lorsqu'il trouva, scotché sur une carte de visite immaculée, un actiskenan encore dans son emballage.
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