- Bon Dieu, qu'est ce que vous foutez là ? Vous m'avez fait peur. Vous savez que vous êtes l'homme le plus recherché de France ? Stéphane avait surpris le commissaire Favreau dans le local à poubelles de la résidence qu'il occupait à quelques encablures du parc Blossac. La peur se lisait encore sur son visage fatigué bien après qu'ils soient tous les deux assis dans son salon. Un salon à l'ancienne. Canapé aux menuiseries en bois patiné, recouvert de tissus vert et marron posé sur un tapis qui devait représenter une scène de chasse façon Renaissance. Difficile d'y voir ce qu'il connaissait de l'homme. Quand il apporta leurs café, il put par contre se rassurer par le regard qu'il posa sur lui. Le regard d'un père qui veut aider son fils. - Qu'est ce qui vous a pris, Stéphane ? Pourquoi nous avoir fui comme cela ? - Je vous retourne la question. Vous savez aussi bien que moi que jamais je ne ferais une telle chose. Le commissaire souffla sur son café et se mit en quête de sa vapot'. Ne le trouvant pas, il prit sa cuillère à café et commença à la triturer de sa main droite. Il posa le regard sur la nuit. Une nuit factice, baignée par la lumière des éclairages publiques, inondant aussi bien la rue que son salon d'une clarté jaune et diffuse. Il semblait y chercher la raison. Comme si lui même ne la connaissait pas. Puis ses yeux noirs revinrent vers Stéphane qui avait déjà bu son café. En fait c'était la première chose qu'il avalait depuis 48 heures. Il mourrait de faim. Et l'eau du robinet de chez Big O n'était de toute évidence plus potable. Il avait donc soif aussi. Terriblement soif. - J'ai subi, je veux dire, je subis des pressions Stéphane. De très fortes pressions. Qui viennent de personnes très hautse placées et situées très loin de cette ville. - Et alors ? C'est une raison pour m'arrêter ? - C'est une raison pour relier des faits qui ne vont pas dans votre sens. Et à tout le moins nécessiter de vous parler. - Mais bordel, qu'est ce que vous êtes en train de me dire ? - Que le fonctionnaire européen était le destinataire de vos demandes. Ce fut au tour de Stéphane de chercher quelque chose à triturer, ses méninges turbinant à plein régime. Ses demandes de subventions. Sur le bureau de Gerarhdt Schlösser. Le refus. Le mobile. Impossible. Pas avec ce qu'il avait fini par apprendre. Il regarda le commissaire qui laissa son regard fuir celui de Stéphane. Il voyait juste. Ce devait être de sacrément foutus nababs qui lui collaient au cul pour qu'un homme comme Favreau semble vaincu. - Vous bluffez. Qui couvrez vous ? - Je ne couvre personne. Je fais mon travail. - Vous saviez au moins sur quoi il bossait quand même - Évidemment. - Qui couvrez vous bordel ? - Personne. L'enquête avance et j'essaie d'assurer le rôle qui ma été confié. - Alors pourquoi vous ne m'arrêtez pas ? - Qui vous dit que je ne vais pas le faire ? Stéphane suivit le regard du commissaire. Il se posa devant lui, sur la table de salon en bois ciré. Le téléphone. La diode rouge de l'Iphone du commissaire ne clignotait pas. Elle était au vert. Au vert fixe. Quand il comprit qu'il était écouté, Stéphane n'eut que le temps de faire face à l'inspecteur Jallais. Son sourire de chien affamé barra son visage avant que Stéphane ne puisse tenter quoi que ce soit. - Je suis désolé Stéphane. Mais je dois assurer la paix et la tranquillité de mes concitoyens.
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