Stéphane était fier. Très fier. Et il ne manquerait pas d’en faire part à la chambre des Métiers et surtout à Noé. Évidemment, il n’avait pas pu refuser de prendre son petit cousin comme commis. Il le payait au SMIC. Et surtout lui permettait d’obtenir ses premiers papiers. Il y avait encore beaucoup à accomplir de ce côté selon Noé mais Stéphane faisait confiance à son ami pour régulariser tout cela. Il était question de statut de réfugié politique d’après les dernières paroles qu’ils avaient échangées tous les deux. Cela expliquait sans l’ombre d’un doute sa corvéabilité et son sourire. Il parlait peu. Mais devançait bien souvent les désirs de ses clients. Et tous avaient le sourire en quittant son bouclard. Un client satisfait c’en est deux de gagné lui avait dit un jour Yvan. Il osait le croire. Surtout avec sa présence, Ibrahim permettait à Stéphane d’utiliser le logiciel de comptabilité et depuis deux jours, il ne faisait que ça. Rentrer des données, les unes après les autres. Il en avait encore pour une bonne semaine avant d’espérer revoir la comptable. Il était impatient. Un vrai gamin. Même s’il s’attendait à beaucoup de froideur. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas entendu son cœur battre à ses oreilles qu’il s’en fichait. - Allez pause, mon grand, viens boire un café. Y’a des meringues. Ibrahim est pas là ? - Sans doute une panne de réveil. Je vais l’appeler - Laisse le donc un peu. T’as un bon là. - Je crois oui. - Crois moi, tu peux compter sur ce môme. Allez viens. Deux minutes après, ils étaient attablés au chaud dans la boulangerie d’Yvan et Arlette leur servait un café bien chaud. Yvan se battait avec sa mèche ce qui faisait sourire Stéphane et désespérait sa femme. - Pourquoi tu te mets pas la boule à zéro ? Je suis sûr que ça t’irait bien. - Et qu’on me prenne pour un skinhead ? Jamais de la vie. - Ça risque pas avec ton ventre. - P’tit con. - Je sais. Ils sourirent discrètement tous les deux avant de boire une gorgée de café. Stéphane n’y alla pas par quatre chemins. Ce n’était pas la peine avec Yvan. - Alors vas tu me dire ce qui te tracasse ? - C’est délicat. - C’est-à-dire ? - Je vais pas pouvoir continuer à te vendre du pain Stéphane encaissa la phrase comme on encaisse un uppercut que l’on avait pas vu venir. Avec force et puissance. - Hein ? Mais pourquoi ? Je n’en ai jamais autant vendu, tu devrais être content. - C’est justement ça le problème. - Quel problème ? Tu gagnes du fric avec moi. - Oui et j’en perd tout seul. Tes horaires, ton prix ont fini par entamer mon chiffre d’affaires. Si je veux survivre, on doit arrêter. C’est aussi simple que ça. Yvan leva les yeux de sa tasse et Stéphane vit qu’il ne mentait pas. Pire il vit ses yeux embués. Ce devait être pire que ce qu’il lui disait. Il devait être dans le rouge. Dans le rouge écarlate. Stéphane n’hésita pas une seconde. - OK alors tu as mon dépôt. - Comment ça ? - Pour 150 par moi tu as mon emplacement. Le fric du pain est tout à toi. - Tu veux dire que tu me donnes les revenus du pain que tu vends ? - Ça va suffire ? - Oui, évidemment mais.. - Y ‘a pas de mais, si ça te va je t’apporterai la recette tous les samedis. OK ? - Marché conclu. - Et si ça suffit pas on trouvera autre chose, d’accord. Ta porte a toujours été ouverte pour moi. La mienne le sera toujours pour toi. - T’es un bon gars mon Stéphane. - Grâce à toi. Allez te prends pas la tête dis ça à ton banquier et si ça suffit pas, reviens me voir. Là faut que j’aille réveiller Ibrahim. - Merci mon grand. - Tu me remercieras quand ton commerce ira mieux. A plus. Il lui donna l’accolade et une fois dehors il lança l’appel sur le portable d’Ibrahim. Au bout de deux sonneries, il décrocha. Enfin Noé décrocha. - Il est malade ? - Hein ? - Ibrahim est malade ? - Pourquoi ? - Bah parce que tu me réponds et qu’il n’est pas au magasin - Merde. - Quoi ? - Il n’est pas malade. Je croyais juste qu’il avait oublié son portable.
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