Au moins les choses étaient claires maintenant. Pour Karim comme pour Aïsha. Ils n’étaient pas pareils. Il y avait quelque chose de fondamentalement différent dans la manière qu’ils avaient d’affronter la méchanceté de leurs semblables. Ils en étaient à hausser le ton, après que Karim ne soit revenu avec des informations précieuses de la forêt de Moulières. - Ne me dis pas que tu vas encore jouer au flic ? - Je vais pas jouer au flic, je vais essayer de comprendre. De comprendre comment on peut se comporter comme cela envers son semblable. - C’est ça prends moi pour une conne. - Oui, bon je veux savoir, surtout, je veux savoir. - Mais ce n’est pas à toi de savoir ! - Parce que tu crois que nous avons les moyens d’agir en tant que soignant ? Vraiment ? En 15 ans de boulot, jamais je n’ai vu une femme aux bleus suspects porter plainte. Et même si elle s’en ouvrait jamais ça n’allait plus loin. - Alors tu dois l’accepter. Notre rôle se limite à ce que tu as fait pour elle. D’autres prendront le relais. Nous ne sommes pas seuls. - Tu n’as pas entendu ce que je viens de te dire ? Jamais ça ne va plus loin. - Et alors ? Pour la première fois depuis qu’il la connaissait, Karim fut obligé de se taire. Depuis le temps, jamais elle ne l’avait surpris sur ces sujets. Il perdait toujours à la fin. Et voila que, pour la première fois, elle lui disait clairement qu’à un moment donné, il faut lâcher prise. S’en foutre. Pour se protéger. Il en était tellement estomaqué, qu’il ne put que tendre les bras. Elle accepta qu’il l’enlace sans rien dire. Ses pleurs roulant doucement contre ses joues pendant qu’il la berçait tout doucement. Même elle avait ses limites, en fait. - Promets moi de ne pas t’attirer d’ennuis. - Juré. Elle se défit de ses bras sécha ses larmes d’un revers de main et l’embrassa. Longtemps. Avec une tendresse qu’il ne s’était plus imaginé. Elle l’aimait. Elle l’aimait comme au premier jour. Il lui rendit son baiser et il se murmurèrent de concert « Je t’aime ». Puis Karim regarda le bout de papier était noté l’adresse du propriétaire de véhicule et se lança à sa rencontre. Maintenant qu’il était à côté du Q5, face à un pavillon des plus banals du quartier de montmidi , au bout de l’avenue de Nantes direction Migné Auxances, il était un peu déstabilisé. Il était un peu déstabilisé parce que ce n’est pas ce qu’il s’attendait. Encore moins ce dont il avait l’habitude. En général ses découvertes étaient pour ainsi dire dures à supporter. La fange. La crasse. La misère. Visible et audible. Et là, il entendait presque Nostalgie jouer du Michel Sardou. Ça collait pas. Pas du tout. Il prit le temps de faire le tour du pâté de maison et s’aperçut que les voitures avaient le même standing, que les pavillons étaient en fait des villas avec pour beaucoup un piscine dans le jardin et il constata même que celle de Monsieur ou Madame André Bourin était recouverte depuis peu tant elle était propre. Il constata aussi que l’on ne pouvait se balader comme on veut dans ce quartier. Quand il allait remonter dans sa voiture, perturbé, une voix l’interpela. - Vous cherchez quelque chose ? - Oh, non, enfin pas vraiment. Ma femme et moi nous sommes à la recherche d’une maison. Vous comprenez la famille vient de s’agrandir et… enfin ..on m’avait parlé de maison dans le coin. Je m’excuse si je vous ai fait peur. - Je comprends mieux. En tout cas, félicitations . Comment s’appelle t il ? - Elle. Fleur. - Très joli. Et intemporel. - Merci. Excusez moi encore. - Attendez, attendez, je vais vous donner l’adresse de l’agence immobilière qui gère les locations de mes voisins. Peut-être aura-t- elle quelque chose à vous proposer.
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ALC Prods
Un tueur dans la ville
L’ANTIDOTE
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