Pour la deuxième fois en moins d’une semaine Noé se retrouvait sur les quais de la Gare. Au loin les bâtiments qui tentaient de transformer ce quartier mal famé en centre d’affaires brillaient dans la fraîcheur du matin. Il poussa la porte de la gare et regarda l’heure d’arrivée et le quai du train que son père lui avait indiqué. Parce que Ibrahim n’était pas son cousin. Parce que son cousin s’appelait Joseph. Parce que personne ne savait rien sur personne. Parce que c’était le bordel, bas. Et de fait ici. Ils étaient deux. Ibrahim et Joseph. Ils avaient grandis ensemble. Et s’étaient promis de partir ensemble. De toute évidence l’un avait réussi. Pas l’autre. Ou alors il devait arriver comme son père lui avait dit. Ou alors, ce qui était plus que probable, c’était que Ibrahim était parti à la place de Joseph. A moins que Joseph lui ait cédé sa place. Cela, il allait le démêler dans moins de dix minutes. Pour le reste il allait falloir retrouver cet Ibrahim. Stéphane et Karim lui avaient dit qu’ils étaient sur le coup. Il l’espérait. 10h55. Il était temps de se diriger vers le quai Z de la gare. Le TGV n’allait pas tarder à faire son entrée. Quand les premiers voyageurs descendirent, Noé prit une vague de chaleur qui lui donna le tournis . Tout ce monde. Comment espérer repérer son cousin ? Un cousin dont il ne connaissait rien. On lui tapota l’épaule au moment il allait remonter dans le hall pour pouvoir mieux trier. - Cousin ? - Pardon, vous devez faire erreur. - Euh non, vous êtes bien Noé Ouedraougo ? - Peut-être. Noé fit un pas en arrière. Le type était blanc. Jeune certes. Dans les âges d’Ibrahim. Mais blanc. Son père ne lui avait pas dit. Il posa alors la question la plus bête qui soit. - Si tu es mon cousin, comment tu expliques que tu sois… - Blanc ? Je ne suis pas blanc mais ma mère l’était, comme mon père, ton oncle était métisse. - Qu’est ce que c’est que ces conneries ? - Appelles ton père. - Hein ? - Allez. La conversation ne dura que quelques secondes. Son père lui confirma que son oncle était en fait son demi oncle. d’une deuxième épouse de son père. L’Afrique était vraiment loin d’être les racines qu’il s’était imaginé. Polygamie. Guerre fratricide. Chaos. Violence. Un continent en feu. Merde. Et Ibrahim ? - Alors ? - Alors excuse moi Joseph. Tu as faim ? - Non. Mais je voudrais bien parler à Ibrahim. - Ça va être compliqué. - Pourquoi ? Parce qu’il s’est fait la malle ? - Oui en quelque sorte. - Où est ce qu’on vend de la dope ici ? - Attends tu veux dire que… - Je veux dire que les enfants soldats n’ont qu’une seule manière de tenir. - Merde.
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Un tueur dans la ville
L’ANTIDOTE
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