Cela ne lui plaisait pas, mais c’était nécessaire. A contre cœur, Stéphane avait du accepter qu’il avait besoin d’aide. Les affaires marchaient. Elles marchaient bien. Trop bien pour qu’il puisse y faire face seul. Alors il avait appelé la chambre des métiers et deux jours après, il avait 150 CV de types prêts à faire leur apprentissage chez lui. Tous en BTS force de vente. Tous plus propres les uns que les autres. Tous issus de la banlieue. Tous suspects. Stéphane ne croyait plus en l’ascenseur social. Il ne croyait plus non plus à autre chose qu’aux clichés de BFM TV. Parce qu’ils recouvraient 95 % de la réalité. Il dut prendre sur lui pour les éplucher un par un et en retint trois. Tous de Saint Eloi. Tous avec des notes supérieures. Tous avec des lettres de motivation sans faute d’orthographe. Tous sans casquettes. Tous rasés de près. Tous avec le sourire. Le minimum quoi. Il avait passé deux coups de fil mais les gars étaient déjà recrutés. A Auchan. A Leclerc. Autant dire qu’il ne faisait pas le poids. Il avait commencé à regarder les autres en appelant le dernier. Il allait devoir donner des leçons de vie en plus de leçons professionnelles. Le téléphone sonnait. Les visages défilaient. La moue de Stéphane s’agrandissait. Putain. • Allo ? Oui, bonjour Stéphane Peyroux de l’épicerie de Saint Eloi, j’ai eu vos coordonnées par la chambre des métiers. Vous êtes toujours à la recherche d’un employeur ? • Oui. Oui, je suis disponible • Bien. Bien. Quand pouvez vous commencer ? • Comme tout le monde le 3 septembre. Et si je vous prenais comme saisonnier avec une paie complète, seriez vous prêt à commencer plutôt ? • Faut voir. C’est quoi vos tarifs ? • Le smic. Plus 10 % • Hum. Je sais pas si j’ai le droit. Je suis encore mineur et… • Mineur ? Ce n’est pas ce que dit votre curriculum vitae. • Oui, enfin je suis encore scolarisé et… • Bon. Ca vous dit de palper ou pas ? • Oui bien sûr. Alors rendez vous à 14 heures à mon bouclard. Je me charge de la paperasse. • Woaouh. Ok A tout à l’heure. • C’est ça. Et rasé. Il était 11h30. Jusqu’à ce que le début d’après midi arrive, Stéphane avait passé son temps au téléphone jusqu’à finir dans les arcanes du rectorat il avait se rendre pour obtenir une dérogation quant à l’embauche de son apprenti. Il était certes majeur mais l’enseignement en était toujours responsable. Il avait du taper du poing sur la table et faire le poujadiste pour qu’ils acceptent de lui délivrer la dérogation. Un truc de fou. On voulait que les gens bossent mais lorsqu’on leur offrait un job sur un plateau il y avait toujours quelque chose qui n’allait pas. Il avait été obligé de falsifier les dates. Du 15 juillet au 15 août. Tant pis. Il le paierait au noir. Il en était encore à remplir le questionnaire lorsque sa sonnette sonnait pour la vingtième fois depuis 13 h. Le fruit de ses paniers à 10 € . Et de la chaleur. - Je suis navré mais nous n’avons pas d’autres produits frais que ceux qui restent. - Hum. Bonjour , je suis Clemént Ouarani. Vous m’avez appelé. - Oh. Stéphane signa le document et leva les yeux vers le gamin. Il était propre sur lui. Rien de clinquant. Un polo blanc et un pantacourt noir. Il était rasé et sentait encore l’after shave. Il s’avança vers lui et lui serra la main. La poignée était sûre. Ce n’était pas un pied tendre. - Venez, asseyez vous Clement. D’où vous venez ? - J’habite rue des Jacobins. Chez mes parents. - Parfait. Quand seriez vous prêt à commencer ? - Ben. Vous m’avez dit que vous pourriez me fournir un job d’été, alors on va dire dès que vous le pouvez. - Parfait. Voila le document du Rectorat. Vous n’avez qu’à signer. - Embauche le 15 juillet ? - Vous inquiétez pas on va s’arranger.
2
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Un tueur dans la ville
L’ANTIDOTE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25