Karim avait été forcé de porter un polo, un jean repassé et des chaussures discrètes. Il avait aussi sourire lorsque Aïsha lui avait dit de bien se tenir. « Comment ça bien me tenir ? Je me tiens toujours bien ! », elle lui avait fait le seul regard qui lui faisait baisser les yeux avant de lui ouvrir la portière passager de sa Clio. Direction le Plateau. Et ensuite le plateau dans le plateau. Le TAP. Théâtre Auditorium de Poitiers. Et puis Enfin le resto. Le Roof Top. Le pire c’est que c’est lui qui en avait eu l’idée. Il y a un an de cela, elle était entrée dans sa vie. Depuis cela n’avait pas été un long fleuve tranquille. Ni pour lui ni pour elle ni pour leur couple naissant. Mais depuis qu’il arrivait à rester sobre même dans ce genre d’occasion, les choses semblaient gagner en force. Leur union semblait se renforcer. A moins que ce ne soit tout simplement qu’il était lucide. Réellement lucide. Sur ce qu’il éprouvait. Sur ce qu’elle éprouvait. Arlette lui avait dit, quand il s’était vu un soir Aïsha était avec sa famille, que c’était la bonne. Et il le croyait. Toujours est il que le resto était tout sauf guindé. Un lieu branché convenait plus pour le qualifier. Et bourgeois aussi. A l’image de ce qu’était devenu le centre ville de Poitiers. Habité par des bourgeois branchés qui fréquentaient des épicerie fines et des commerces équitables la journée, mettaient leurs enfants dans la palanquée d’écoles privées du centre et se retrouvaient le soir au Roof Top, au 16 ou au comptoir à Moustaches. Des bobos, quoi. En pensant à cela, les yeux fixés sur le quartier de mont midi, il comprit mieux ce qu’elle avait voulu dire par bien se tenir. Pas question de se foutre de la gueule de quiconque. Ni de se moquer du parler de tel ou tel. Encore moins de jouer le bobo avec les serveurs. Autant de choses qui le démangeait depuis le début du repas. Franchement, il était stupide. Quelle idée de venir dans un lieu pareil ? Il ne leur ressemblait pas. Mieux aurait valu aller au Bateau Ivre. - Je peux savoir à quoi tu penses ? - Hein ? - Ca va ? - Oui, oui, juste repus - C’est vrai que c’était bon. - Honnêtement ? - Bon d’accord, c’est comme le reste. - Désolé de t’avoir traîné ici. Je voulais marquer le coup et… je sais pas ce qui m’a pris - C’est parfait viens là. Au moment ils allaient s’embrasser, une épine de rose faillit crever l’œil de Aïsha qui poussa un petit cri. Karim eut juste le temps de saisir le rom au poignet et de lui faire lâcher la rose. - Tu fais quoi là, connard ? - Karim ! - Je t’ai posé une question ? Tu veux mon fric , c’est ça ? Dégages et va à Pôle Emploi. Il tordit le poignet du type qui était en fait un gamin d’à peine quinze ans qui lâcha les roses qu’il tenait et partit en courant. Dans son souffle un serveur était là. Il n’eut pas le temps de s’excuser. Karim courait déjà vers Aïsha après avoir réglé la note. Quand il l’eut rattrapé, elle accepta de s’arrêter. - Excuse moi, c’est qu’il a failli te.. - Non mais tu est incorrigible ! Tu sais ce que vis ce gamin ? - Oui je crois. - Abruti. Je rentre en bus, t’auras le temps de réfléchir dans la voiture.
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ALC Prods
Un tueur dans la ville
L’ANTIDOTE
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