Joseph tournait en rond dans la chambre de Noé qui lui servait de QG. Il avait dit à ce dernier qu’il connaissait du monde en France. La diaspora qu’il avait appelé ça en riant. Et depuis une demi heure, Noé entendait, étouffé par les murs, le bruit de ses conversations. Au début, il s’était demandé si c’était bien son cousin ou un imposteur. Alors il avait rappelé son père. - Re bonjour fils. Toujours des soucis de parentèle ? - On peut dire ça. Dis, tu es sûr que ton frère avait une femme blanche et qu’il était métisse ? Noé entendit son père soupirer et la baie vitrée de leur appartement s’ouvrir. C’était le signe que son père allait souffrir. Évoquer quelque chose de douloureux. C’était toujours comme ça avec lui. Du temps Noé et ses trois sœurs vivaient avec eux, jamais il n’avait porté la main sur eux, encore moins élevé la voix. Ils sortaient toujours sur le balcon. Même au mois de décembre. Même à deux heures du matin. C’était son bureau. Et le lieu il semblait à même d’affronter quelque chose qu’il n’aimait pas. Comme la mauvaise conduite de ses enfants. Comme les dettes. Comme la famille. Sa famille. - Oui. Oui, c’est vrai. Ton oncle André a eu une vie agitée. Sûrement dû à ses origines - Tu pourrais être plus précis ? - Il est issu d’une relation de ton grand-père avec une blanche, ici, sur le sol français - Comment ? - Après la guerre c’était l’euphorie, les militaires, même noirs étaient des héros. Et il a rencontré une femme, à Paris. - Mais… - Mais elle est morte en donnant la vie à ton oncle, sur le bateau qui les ramenaient vers Abidjan. Ensuite ton grand-père a pris une autre épouse. Mais son cœur était inconsolable et, disons, que les femmes n’avaient plus la même saveur pour lui. Aussi ton oncle est il d’une union extraconjugale. Est ce de l’atavisme ? Est ce ce que lui a montré ton grand-père ? Est ce qu’il a retenu de sa conduite ? Toujours est il qu’il avait en quelque sorte hérité de son côté volage. Ainsi est né ton cousin Joseph. - Il n’est pas né d’un… - Non ton oncle comme ton grand-père aimaient les femmes. Un peu trop sans doute. Ou pas assez c’est comme tu veux. Mais jamais il n’ont oublié de les respecter. - Bon. Et des cousins, je vais en avoir combien à gérer ? - Qu’est que tu veux dire ? - Je te rappelle. -No.. - T’étais au téléphone avec qui ? - Avec mon pote, Stéphane, il habite Saint Eloi alors… - Pourquoi ? Qu’est ce qu’il y a à Saint Eloi ? - De la dope. - Ah. De la dope y’en a partout tu sais. - Et toi alors ? - Alors j’ai quelques pistes à explorer, il me reste deux trois contacts aux Couronneries mais je suis pas sûr que ça donne grand- chose. - Moi j’ai une idée, tu me dis qu’il est junkie. Mais il doit bien manger et dormir. - Oui c’est évident. - Alors il faut faire les squats. - C’est une bonne idée. Je te laisse t’en charger. Je m’occupe de voir ce que je trouve avec la diaspora locale. - OK. A plus. Au fait comment va la famille au pays ? Ta mère ? - Pareil qu’ici un vieux couple bien emmerdant. - Haha, je vois. - Je parie que tu as les mêmes. - Dans le mille. - On parlera de ça plus tard si tu veux, le temps passe… - Oh. Ok. Ok. Vas y. - Allez, à plus, cousin.
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Un tueur dans la ville
L’ANTIDOTE
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