C’était moche. Très moche. Deux cervelles éclatées qui se mélangeaient l’une à l’autre sans autre espoir que de finir dans une usine de destruction de déchets hospitaliers. A vrai dire ce qui était le plus moche était que Karim ne s’attendait vraiment pas à ça. Il savait Stéphane en danger. Il le savait rattrapé par des tortionnaires. Mais jamais il aurait pu penser que cela se finisse comme ça. C’était digne d’un film de Scorcese. Genre les Infiltrés en aussi trash. Et les bâches de plastique en moins. Autant dire que l’appartement était à refaire. Pourquoi est ce qu’il pensait à l‘appart‘ bordel ? Son pote était en vie après tout. Sans doute le sentiment d’inachevé. Comme si l’histoire n’avait pas encore connu son dénouement. Oui. Ibrahim n’avait toujours pas été retrouvé. Qu’il soit vivant ou mort. Bordel , Karim ne supporterait pas un cadavre de plus. Il renifla un grand coup une fois dans l’avenue. Les badots étaient en nombre. Et ils s’énervaient. Depuis le temps qu’on les faisait chier pour des histoires de beuh et de blanche voila que c’était d’autres qui foutaient vraiment la merde. Ils voulaient voir. Ils voulaient être indemnisés. Pour le traumatisme. Pour le vacarme. Pour le dérangement. Karim jeta un coup d’œil en aval du boulevard. Noé était avec Stéphane qui se frottaient les mains en grimaçant. Ils étaient tout à leur douleur. Normal. C’est là que Karim avait été surpris. Le nouveau commissaire. Il alla se poster pile au bord du cordon et sa voix porta. Porta fort. - Bon. Bande de petits bâtards. Ne croyez pas une seconde que nous allons arrêter de vous emmerder. Ne croyez pas une seconde que des gens plus puissants que vous tous réunis nous empêcheront de vous empêcher de trafiquer. Que ce soit clair. FERMEZ VOS GUEULES et rentrez chez vous avant que j’ordonne une fouille généralisée. Fin de parole. Bordel. Il avait du culot celui ci. Karim ne put s’empêcher de le dévisager. On aurait dit un gars tout droit sorti des commandos hubert. Un dur de dur. Un mec qui n’avait pas peur. Ni d’eux ni de personne. Il le vit prendre froidement en photos tous les types aux alentours jusqu’à ce qu’il ne reste plus que ceux concernés par l’affaire. Sans trop savoir pourquoi Karim alla vers lui. Sans doute ce goût d’inachevé. - Commissaire ? - Oui ? - Je suis un ami de la victime, Stéphane Peyroux et je, enfin, il reste que… - Ibrahim Ouedraougo - Oui. - Toutes nos forces sont mobilisées pour le retrouver. - Oh. Karim n’osa pas lui en demander plus. Le type ressemblait plus à Luke Hobbs qu’à Favreau. Ils étaient pour ainsi dire aux antipodes. Il remercia le commissaire et se résigna à retrouver ses potes. Le gars avait suffisamment de prestance et d’appoint pour ne pas se soucier des atermoiements d’une victime collatérale et se concentrer sur l’essentiel. Retrouver Ibrahim. - Attendez M. Jaïsh. - Monsieur. - Karl. Karl Monchaud. - Oui. - Votre ami, Stéphane, il est dur au mal ? - Qu’est ce que vous voulez dire ? - Est ce qu’il encaisserait à ce que je lui parle ? - Pour lui demander quoi ? - C’est à lui que je veux le demander pas à vous, M. Jaïsh. Karim dévisagea le commissaire Karl Monchaud. Il le dévisagea tellement fort que celui-ci finit par tourner la tête. Ce devait être comme baisser les yeux pour ce genre de type. Putain, on avait un commando à la tête de la police de Poitiers. Ça sentait la bavure à plein nez. A moins que la pudeur qu’il manifestait ne montre l’exact opposé comportemental. - Venez. Les deux hommes s’avancèrent vers le véhicule du SAMU. Les rangers du commissaire portaient quelques éclats de verre qui grinçaient sur le bitume. Cela ajoutait à son côté bulldozer. Quand ils arrivèrent au niveau de Noé et Stéphane il se baissa jusqu’à poser le genou par terre. Karim comprit à qui il avait réellement affaire. - Monsieur Peyroux ? - Oui. - Je suis le commissaire Karl Monchaud. Le successeur du commissaire Favreau. Je ne prétend pas le remplacer mais j’ai besoin de votre aide pour retrouver Ibrahim Ouedraougo. M’accorderiez vous quelques questions ? - Oui. Oui bien sûr. - Avez vous, dans votre magasin, une panic room ? - Une quoi ? - Une pièce à la sécurité renforcée. Un bureau ultra hermétique si vous préférez. - Oui. Je ne l’avais pas vu comme ça mais oui. - Et le code d’accès, vous seriez enclin à me les communiquer ? Bordel. Les codes.
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Un tueur dans la ville
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