Le type avait entre 40 et 50 ans. Difficile à dire. Son visage était marqué par l’excès de tabac et d’alcool. Karim sentait encore son odeur après son départ. Mais il avait un cerveau qui turbinait à grande vitesse. Et des yeux qui respirait l’intelligence. Un vrai journaliste, en somme. Karim lui avait ouvert sa porte la veille. Coup de bol, Aïsha était au travail et lui était de repos. Le type lui avait montré sa carte de presse. Karim l’avait laissé entrer sans rien en attendre. Ses pneus n’avaient pas subi de nouvelle agression. Il était comme tout le monde. Fataliste. Alors si la presse voulait vendre du papier et au passage foutre la pression sur ces petits merdeux, ainsi soit il. Parce que ce ne pouvait être qu’une bande de branleurs qui avaient trouver amusant le bruit de l’air qui s’échappe des pneus quand on les crève ou quelque chose du genre. Un acte gratuit. Rien de plus. Alors il avait servi un café au journaliste, Jean Pierre Mariaux, spécialiste faits divers de la Nouvelle Presse du Centre en voyant bien qu’il aurait préféré une bière et s’était assis face à lui. Mariaux avait sortit un calepin et posé son smartphone sur la table basse. La conversation serait enregistrée, Karim n’y voyait pas de problème. Il n’ y voyait pas de problème parce que ce qu’il avait à dire allait être bref. Et sans intérêt. Le temps que le journaliste sorte son crayon et la première question fusa. Imprévue. - Depuis combien de temps avez vous votre voiture ? - Pardon ? - Votre voiture ? Vous l’avez achetée quand ? - Il y a une semaine. - C’est un diesel ? - Non une essence. - Hybride. - Dacia ne propose pas ce genre de modèle. - Pourquoi ne pas avoir opté pour ce type de véhicule ? - Parce que je n’ai pas les moyens de me payer autre chose. Mais attendez, quel rapport avec ce qui nous est arrivé ? Toutes les voitures ont eu les pneus crevés dans la rue. Alors qu’est ce que ça peut bien faire que j’ai une Dacia ou un SUV ? - J’y viens. Laissez moi continuer et vous allez comprendre. Mariaux marqua une pause en faisant défiler les feuillets de son carnet. Il cherchait quelque chose que Karim ignorait complètement. Ce qu’il comprenait c’était que ce type menait une enquête. Une véritable enquête. Et qu’il n’allait pas se contenter de publier un article bidon pour faire peur à ceux qui le lisent. Comme tant de ses confrères. Il s’arrêta sur une page, barra une ligne, puis revint vers Karim. - Avez vous payé un malus écologique ? - Pardon ? - Votre voiture, est ce qu’elle était soumis au malus écologique ? - Oh la, j’en sais rien. - Je suis désolé M. Jaïsh, mais est ce que vous pourriez me le confirmer, c’est important. - Je vais chercher la facture. Vous voulez un autre café ? - Volontiers. Karim s’éclipsa dans la chambre d’amis et farfouilla un peu dans les documents posés sur le bureau. Il finit par retrouver la facture de Dacia planquée avec l’échéancier du crédit. Il regarda le détail et constata qu’il avait en effet payé un malus écologique de 175 . Bordel. Qu’est ce que c’était que cette histoire ? Il fit couler deux cafés et tendit la facture à Mariaux , particulièrement intéressé par ce qu’il allait lui en dire. - Je peux la prendre ne photo ? - Si vous effacez mon nom et mon adresse. - Évidemment. Mariaux coupa l’enregistrement et prit une photo de la facture, un feuillet de son carnet masquant les coordonnées de Karim. Puis il reposa l’appareil et réenclencha l’enregistrement. Karim n’y tenait plus. - Qu’est ce que vous avez découvert ? - Pour l’instant un point commun. Un point commun avec tous les propriétaires qui m’ont parlé et leur voiture vandalisée. - Elles n’étaient pas éco responsables. -Exactement, M. Jaïsh. Exactement.
11
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Le mélange des genres
L’ANTIDOTE