Karim se sentait particulièrement mal à l’aise avec le gilet par balles, les rangers et le casque anti émeute de la police nationale. A côté de lui, le commissaire Karl Monchaud semblait aussi à l’aise qu’un touriste se rendant à la plage. Ils avaient entendu les mots de Aïsha et attendaient, un peu en retrait des deux master équipés de lampes halogène. Le commissaire attendait de voir la réaction de sa fille. Un peu plus haut, sur la butte, Noé discutait avec le journaliste. Ou tout du moins essayait de détourner son attention. Et cela ne semblait pas marcher. Par chance la nuit plombée du Vigeant l’empêchait de faire des photos viables. Pour le reste il semblait en colère. Particulièrement en colère. On l’avait roulé. On l’avait bien roulé. Comment ? Il ne savait pas encore. Mais le fait d’entendre les veaux et les moutons ailleurs que dans l’abattoir lui avait mis plus que la puce à l’oreille. Lire entre les lignes était une chose. Prévenir ce qui devait être l’apothéose de son papier en était une autre. Bref. Le problème de la presse était sous contrôle. Ce qu’il avait sous les yeux ne l’était pas encore, loin de là. Devant eux, Maurice avait allumé les lampadaires comme les premiers ouvriers arrivaient sur le site, tout de suite interpellés par les hommes de Monchaud. La lumière blafarde leur montra que la fille de Monchaud et sa bande ne voulaient pas faire machine arrière. L’effet de surprise était passé. Et les battes de base ball commençaient à se dresser. Instinctivement, Maurice, Aïsha et les autres reculèrent, se retrouvant bientôt prisonniers du dernier enclos. C’est que Karim aurait voulu que Monchaud intervienne. Parce qu’un briquet venait de sortir d’une poche et un cocktail molotov d’un sac. Ils allaient les tuer. Les brûler vif. - Bon dieu, commissaire, il faut agir maintenant. - Allumez les projecteurs ! Les trois rampes disposées sur les master de la police réveillèrent le jour avant l’heure. Et stoppa net toute action. Les 8 gaillards, pris dans les rais surpuissants de la lumière policière n’eurent même pas le loisir de fuir. Ils étaient aveuglés. Mais Cécile prit le briquet des mains de son premier courtisan et le cocktail molotov. Elle allait le faire. Les brûler vif. - Cécile ! Arrête ! La fille reconnut la voix de son père et arrêta instantanément son geste en se retournant, une main sur le front pour essayer de deviner était son père. Celui s’avança, sans arme. Quand il fut au niveau de sa fille, Karim réussit à entendre ce qu’il lui disait par dessus le grésillement des lampes halogènes. Autour de lui les policiers passaient les menottes à ses complices sans qu’il n’y ait aucune forme de résistance. Piégés. Ils avaient été piégés. Et comme il faut. - Bordel mais où est ce que tu vas comme ça, fille ? - Je sauve le monde. Je sauve le monde que tu as bâti. - Tu racontes n’importe quoi. - Tu ne veux rien entendre. - Je ne veux rien entendre ? Je fais que ça. Je t’écoute depuis le début. Mais tu mélanges tout. Pourquoi avoir fait ça à Karim Jaïsh et sa compagne. C’était quoi le message , dedans, tu peux me le dire ? Le sais tu seulement ? - Ce n’est pas parce qu’ils ne mangent pas de porc qu’ils n’égorgent pas sans compassion des moutons. Tous des fachos. - Pffff….Et tu crois que chier sur un tapis oriental, ça va changer quoi que ce soit ? - Ca a le mérite d’éveiller les consciences. - Comme les tags ? - Comme les tags. - Et tu ne t’ai jamais dit, sans parler des raisons qui poussent les gens à ne pas manger bio pour faire vite, que cela allait se révéler contre productif ? - L’important c’est le message. On ne peut pas plaire à tout le monde. - Bon. Assez parlé. Tu vas venir avec moi. j’ai quelque chose à te montrer.
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