Stéphane devait se rendre à l’évidence. Ça ne marchait pas. Ça n’avait jamais marché, en fait. Pire cela lui coûtait de l’argent. Il avait eu beau négocier et renégocier avec les Jardins de Bonnes, ses clients n’en achetaient que rarement. Trop chers. Trop nombreux dans le panier, les légumes, ces légumes, n’étaient pas prisés de sa clientèle. Enfin, peut-être que si. Certainement même. Tous passaient obligatoirement devant. Tous les regardaient. La plupart les palpaient. Mais ceux qui les emportaient étaient trop rares. Alors que faire ? C’était une évidence. Et c’était les affaires. Il n’y avait pas de place pour les sentiments dans ces cas là. Alors la veille, il avait appelé les Jardins de Bonnes pour leur dire qu’il rompait son contrat. Il en était pour 500€ de sa poche mais au moins, il n’aurait plus de boulet à traîner. Et aujourd’hui, ce qu’il exposait c’était les baguettes d’Yvan. L’un dans l’autre, il faisait quand même une bonne action. Et gardait un peu de qualité dans ses produits. Même s’il ne voyait pas un euro rentrer dans sa poche, il donnait aux gens du bon pain. Et aidait Yvan à tenir bon. Quant aux légumes, les boites de conserves étaient bien plus prisées de toute façon. C’était une affaire entendue. Il finit de ruminer son échec et soupira avant de mettre de l’ordre dans ses étagères sans pouvoir s’empêcher de rester en dedans. Que vendait il au fond ? De l’alcool. Des boissons énergisantes. Du sucre. Du sel. De la farine. Des pâtes et du riz. Des pizzas. Le reste ne servait qu’à meubler. Il n’était pas un supermarché. Il était juste pour combler ceux qui avaient oublié quelque chose dans les grandes surfaces. Ils ne jouaient pas dans la même cour. Et s’il voulait survivre, il lui fallait s’adapter à cette réalité. Il était un palliatif. Un complément. Et un dépanneur. C’était sa fonction. C’était de là qu’il devait partir. Et se développer. L’arabe du coin. La sonnette le tira de ses ses réflexions comme il s’apprêtait à les mettre par écrit. Quand il leva la tête pour saluer son client, il ne put cacher sa déception. - Cachez votre joie, Stéphane. - Rose. Qu’est ce que j’ai oublié encore ? - Mon resto. J’ai de bonnes nouvelles. - Quelle heure il est ? - L’heure de manger. Allez venez. Rose Giovanni lui adressa un sourire amical et vint jusqu’à lui. Stéphane était quant à lui circonspect. Autant de gentillesse de sa part, il n’était pas habitué. Il eut un temps d’arrêt lorsqu’elle se pencha pour lui faire la bise. Tant de barrière tombées lui faisaient presque l’effet d’un gros joint. Il était étourdi. - Ça va ? - Oui, oui. C’est juste que je viens de rompre mon contrat avec les jardins de Bonnes et que je gamberge pas mal. - Mais dites donc vous aussi vous m’apportez de bonnes nouvelles ! Allez, ne vous faites pas prier, suivez moi.
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