Karim se leva sans faire de bruit. Il était à peine 6 heures et Aïsha dormait à poings fermés. Une dure journée la veille l’avait vu arriver complètement épuisée. Ils ne s’étaient qu’à peine parlé avant qu’il ne doive la porter du canapé au lit. Elle avait eu la force de lui rendre son baiser avant de sombrer. Dehors la pluie tombait faiblement. Karim passa sous la douche rapidement et se fit couler un café qu’il alla boire sur le balcon. La pluie lui faisait du bien. Ils s’étaient pris la tête quand il était revenu de la concession. Elle lui avait dit qu’à ce prix il aurait eu une occasion bien plus intéressante. Il lui avait dit qu’il préférait une neuve. Elle avait rétorqué qu’il avait des goûts de luxe. Des goûts de luxe. En achetant une Dacia. Pour moins de 10 000€. C’en était resté là. Elle allait embaucher. Il devait remplir les papiers pour le prêt. Ils allaient avoir encore moins de liquidités pour vivre. Deux ans. Deux à tenir. Quand elle était revenu du boulot, elle s’était excusée. Lui avait dit qu’il n’avait pas pu trouver moins cher et que, au moins, il bénéficiait d’une garantie plus longue. Et qu’il avait aussi fait un emprunt pour des pâtes et des patates, histoire de tenir. Elle avait ri. Tout était oublié. C’est ce qu’il aimait avec elle. Elle riait à ses blagues. Et elle n’était pas têtue, bien au contraire. Bien moins que lui. Et surtout il avait passé sous silence ce qui avait fait grimper le prix au dessus de ce qu’il lui avait annoncé. La mise en état. Le plein d’essence qui n’était qu’un demi plein d’essence et qu’il avaient eu le culot de lui facturer. Putain avait il osé dire à haute voix en le constatant, c’est toujours les mêmes qui trinquent. Parce que ce n’est pas qu’il n’aurait pas voulu acheter une autre voiture. C’est qu’il ne pouvait pas. Ainsi subissait il la double peine. Une voiture peu économe. Et un un demi plein facturé plein tarif. Il avait ravalé sa rancœur et rangée la facture avant qu’Aïsha ne tombe dessus. Ensuite il avait fait le tour de la ville avec. Elle avait une bonne reprise. Et bénéficiait quand même des équipements standards, avec un peu de technologie embarquée. Il avait galéré pour se servir de l’écran tactile pour régler les fréquences radio et comprendre le fonctionnement de la climatisation mais, presque revenu rue Maillochon, il se sentait à l’aise avec. Par contre la sellerie n’était pas son point fort. Un peu tape cul, la bagnole. Le prix à payer pour une voiture pas chère se dit il. Pour le reste, elle consistait quand même une avancée par rapport à sa vieille Clio. En lavant sa tasse de café, il s’était dit que c’était déjà ça. Qu’ils allaient y arriver. Même s’ils ne partaient pas en vacances pendant deux ans, ils pourraient toujours faire deux ou trois périples jusqu’à la côte avec plus de tranquillité. Puis il était retourné dans la chambre, avait enfilé ses vêtements, embrassé Aïsha et fermé la porte de l’appartement sans bruit. Dehors, il renfonça sa casquette, baissa la visière au maximum pour affronter la pluie et remonta la rue d’un pas vif. Il regarda son portable. 6H28. Il était large. Avec un peu de chance il pourrait prendre la rocade. Il avait envie de voir ce qu’elle avait dans le ventre. Oui. Un peu de vitesse ne lui ferait pas de mal. Il testa la portée de l’ouverture des portes. Une petite dizaine de mètres. Toujours utile quand on ne se souvient plus où on s’est garé. C’est quand il avait ouvert sa portière qu’il avait vu. Vu ses quatre roues à plat. - Oh putain. - Comme vous dites. Et on est pas les seuls. Regardez. Le riverain qui l’avait apostrophé lui montra les roues des voitures avant et après les leurs avec les pneus à plat puis il se baissa et passa sa main sur la trace du coup de couteau qui avait éventré son pneu. Karim se pencha à son tour sur sa voiture et constata la même chose. Il comprit alors qu’il allait être en retard.
5
chapitres
>>
<<
Depuis 2017
ALC Prods
Le mélange des genres
L’ANTIDOTE