« Il ne devrait y avoir que les escargots qui bavent » Voilà comment Karim, encore ému de sa garde, avait été accueilli chez lui. En vert crasseux sur sa porte d’appartement. Pas la porte de son immeuble. Pas sa voiture. Mais jusqu’à chez lui. Au lieu de dormir, il avait passé le reste de son après midi à effacer l’outrage, la rage le gagnant à chaque coup de lave pont. Il lui fallut une heure. Puis une heure de plus pour poser un cadenas supplémentaire sur sa porte. Et encore une heure pour faire le tour de toutes les pièces afin de s’assurer que ces salopards n’étaient pas allés plus avant. Enfin, sur les coups de dix sept heures, il avait poussé la porte de la chambre. Aïsha dormait. Il s’approcha d’elle sans bruit et posa un baiser sur sa joue avant de s’éloigner à pas de loup. Que devait il faire ? Appeler la police ? Porter plainte une fois encore ? Dénicher celui qui l’avait trahi ? Avait il même été trahi ? Recontacter le journaliste ? Il regarda la photo qu’il avait prise de l’offense. « Il ne devrait y avoir que les escargots qui bavent » Comment avaient ils su ? Il se connecta au site de La Nouvelle Presse du Centre. Il n’y avait rien. On parlait politique. Des faits divers sordides faisaient la une. Et puis le sport. Mais rien sur ce qui lui arrivait. Alors comment ? Comment avaient ils su ? - Qu’est ce qu’on va faire ? Aïsha en culotte et avec son T-shirt Jordan à lui le regardait. Il ne l’avait pas entendu. Il avait espéré qu’elle n’avait pas vu. Qu’elle ne se sentait pas menacée. Mais elle avait vu. Et son regard trahissait sa peur. Une peur qu’il ressentait lui aussi. Une peur sans nom. Sans autre objet qu’eux. Que leurs actes. Comme un harcèlement. C’était du harcèlement. Et ils n’avaient plus personne vers qui se tourner. Plus personne du tout. Ce n’était pas des tags traditionnels. Ce n’étaient pas des signatures. C’était des avertissements. Quelle allait être la prochaine étape ? Le cambriolage ? Le viol ? Il en eut la chair de poule et préféra poser son smartphone pour enlacer Aïsha. Il avait besoin de son contact pour réfléchir. Ou plus exactement pour se réconforter. Il n’était pas tout seul. Pas cette fois. - Je ne sais pas. Mais on doit agir. - Tu n’as pas la moindre idée de qui a pu faire ça ? - Non. Non aucune idée. - Et le journaliste ? - J’ai regardé. Rien dans le journal. - Je ne me sens pas de rester ici. - Moi non plus. Il déposa un baiser sur sa joue et l’invita à faire son sac. Ils iraient chez Hakim. ils seraient en sécurité et auraient des réponses à leurs questions.
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