Ils n’avaient pas trouvé de meilleur endroit, une fois la paperasse policière accomplie, que le Jardin des Plantes pour se retrouver et réfléchir. Stéphane et Noé shootaient nonchalamment et Karim les quitta au bout de cinq minutes. Pas la tête à ça. Pas la tête à échafauder des plans. A se rendre justice. A faire éclater la vérité. La vérité, elle était dans son appartement. Un tas de merde y trônait. Et nulle part il ne pouvait l’oublier. Ils ne l’avaient pas retenu. Pas même dit un mot. De peur qu’il craque et frappe. Ou qu’il craque et pleure. Ils savaient tous les deux à quel point c’était abject. Ils savaient à quel point ils se sentiraient anéantis. Mais ils ne savaient pas ce que cela faisait de lire des messages racistes jusque sur son parquet. Ils ne savaient pas ce qu’était que de se sentir impuissant. Ils l’entendirent dire à Aïsha de le retrouver aux Couronneries chez ses parents à elle. Puis ce ne fut plus qu’une silhouette qui disparut sur le boulevard. - Putain… - Ouais… - Il ne va pas s’en remettre - Il va partir. - De son appart’ ? - De Poitiers. - Je crois que je ferais pareil. - Hum. Moi aussi. Mais j’enterrerais ces fils de putes d’abord. - Gangster. - J’assume. Explique un peu ton cas. Noé lui expliqua sa veillée nocturne, les bruits et les graffitis et puis les rires aussi. Les rires débiles. Des rires de gamins inconscients. Et il lui dit qu’il avait du mal à croire que ces individus soient ce que lui avait décrit le commissaire. Des marginaux. Des Zadistes. Des no Border ou n’importe quelle autre connerie insoumise. Il penchait même pour l’exact inverse à vrai dire. C’est là que Stéphane lui expliqua son histoire. Le tag. Sryk. La fac de lettres. Le mouchard. L’appartement de Karim et Aïsha. Et il demanda à Noé de lui montrer les photos qu’ils avaient prises. Mais elles ne se montrèrent pas. Noé jura, se leva en faisant des ronds de plus en plus grand sur le terrain bleu que le soleil rendait presque luisant mais rien ne se montra. - Putain, le commissaire les a coupé, pas copié ! Ah l’abruti. - Pas grave. Tu pourrais me les décrire ? Je me souviens bien d’eux. - Ils étaient deux, non, trois filles et peut-être quatre ou cinq garçons. - Vieux ? - Non la vingtaine à peine dépassée. Y’ avait une fille… - Cheveux auburn, élancée, pure cliché de la presse féminine ? - Ouais ! - Et deux types se battaient pour l’impressionner. - Deux types qui ont salopés ma devanture. - T’as une idée de la raison qu’ils ont de s’en prendre à nous ? - A mon avis, c’est une vengeance. Ils nous pourrissent pour pourrir quelqu’un Et qui d’autre que nous est pourri ? - La Police. - Tu sais ce que ça veut dire ? - Ouais. Qu’on ne peut compter que sur nous même. - Et que les petits merdeux ont des comptes à régler avec les Forces de l’Ordre.
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