Karim venait de finir sa dernière valise. Aïsha aussi. Elle emportait ce qu’ils avaient pu et ce qui avait été sauvé. C’est-à-dire à peu près tout ce qui pouvait loger dans la Dacia. Il regarda une dernière fois l’appartement. Jamais ils n’y remettraient les pieds. Malgré ce qu’il avait pu dire. Malgré ce qu’il avait pu croire. Jamais. Jamais ils ne fouleraient à nouveau ce sol. Parce que c’était le symbole même de leur sentiment d’insécurité comme ils disaient. C’était bien davantage, de fait. Il craignaient pour leur vie, rien de moins. Ici. Maintenant. - Oh, tu rêvasses ? - Excuse, règle le Gps sur Le vigeant. - Le Vigeant ? On ne va pas chez mon frère ? - Non on va chez Maurice. Le seul endroit véritablement sûr. - Parce qu’il est blanc et bouseux. - Parce qu’il blanc et de la campagne. Ne sois pas méprisante. Cet homme m’a sauvé la vie. - Tes leçon de mo… Le téléphone de Karim sonna deux fois avant qu’il décroche. Aïsha était comme lui. Elle s’attendait au pire. A la mort de Maurice. A l’assassinat de son frère. A un nouvel attentat terroriste. C’était seulement le commissaire. - Commissaire. - M. Jaïsh. - Que puis je faire pour vous ? Vous avez retrouvé ceux qui ont détruit notre vie ? - C’est pas si simple. On peut se voir ? - Quand ? - Dès que vous le pouvez. - Dans dix minutes au bistrot du Palais de Justice. - A tout de suite. Karim raccrocha et expliqua le coup de fil à Aïsha. L’espace d’un instant il crut lire une once d’espoir sur son visage. Jusqu’à ce qu’il lui dise qu’il ne lui avait rien confié. Encore une piste pour rien. Il lui dit le contraire de sa pensée. Qu’il tenait quelque chose. Qu’ils allaient avoir justice. Et qu’elle devait vite se rendre invisible. En filant chez Maurice séance tenante. Elle l’embrassa avec fougue et lui dit d’être prudent puis la Dacia s’engagea dans la rue Maillochon comme il rejoignait l’arrêt de bus du viaduc Léon Blum. Quand il arriva place du Palais le commissaire, tout muscle dehors, l’attendait un Perrier à la main. Ses jambes ne tenaient pas en place comme il regardait sa montre sans arrêt. Il semblait y avoir urgence. - Commissaire. - Ah ! Karim ! Asseyez vous. Que voulez vous boire ? - Un orangina. Bien frais. Monchaud interpella le premier serveur qui apporta dans l’instant l’orangina bien frais. - Alors, commissaire, qu’est ce qui n’est pas si simple ? - Je sais qui s’en prend à vous et pourquoi. - Et en quoi cela s’avère compliqué ? Vous n’avez pas assez de preuves peut-être ? Vous voulez que je vous envoie les photos de mon appartement ? - Il s’agit de ma fille, Cécile. Et de ses potes de fac. Ils s’en prennent à vous pour s’en prendre à moi. A ma génération. Celle qu’ils accusent de tous les maux. Les boomers comme disent les australiens. Karim reposa sa canette d’Orangina avant d’y avoir porté les lèvres. Merde. La fille du commissaire. Après lui. Après eux. Ça ne tenait pas debout. Il devait savoir. Il devait forcément savoir. Et eux n’étaient pas des boomers. Noé, Stéphane et lui étaient autant les victimes du réchauffement climatique que ces enculés. Autant que le commissaire d’ailleurs. Autant que nous tous en fait. - Et qu’est ce que vous allez faire ? - Je veux lui donner une leçon. Êtes vous prêt à m’aider. Tous les trois ? - Pas de connerie ? - Aucune. Écoutez moi bien, voila ce que je vous propose.
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