Le commissaire Karl Monchaud avait accueilli Noé par une franche accolade et un grand sourire. Comme s’il était content de revoir un vieil ami. Il lui avait proposé un café. Noé avait refusé. Là, il l’avait enfin regardé. Et son visage était devenu aussi sombre que celui de Noé. Ce n’était pas le moment de refaire le monde autour d’un verre ou un café. Pas le moment du tout. - Bon Dieu, qu’est ce qui vous arrive pour que vous tiriez une gueule pareille ? Allez asseyez vous et expliquez moi un peu. Noé s’était exécuté puis avait sorti son smartphone et ouvert l’album photo. Il avait fait défilé les photos de ses filles, effacé la dernière photo de Karine et activé le diaporama. - Je viens pour ça. Alors que le commissaire commençait à voir les dégradations de la devanture de l’agence de Noé, il s’arrêta sur celle, Noé le savait, figurait le « message ». « L’écologie n’accepte pas la loi du marché. Mais celle de la jungle » - Bordel. Vous avez une idée de qui a fait ça ? - Z ‘avez qu’à continuer à faire défiler les photos. Les yeux du commissaire se plissèrent, il agrandit deux ou trois photos, prit du recul, fit pivoter l’appareil. Et à un moment donné, imperceptiblement, Noé eut la sensation que quelque chose clochait. Comme si le commissaire ne voyait pas pour la première fois ces photos. Ou plus exactement ces individus. Comme si ces gamins cagoulés lui étaient...familiers. - Vous les connaissez c’est ça ? - J’en ai bien peur. - Comment ? Où ? Pourquoi ? - Ola ! Doucement Noé. Je vais tout vous dire parce que je sais qui vous êtes et que je vous fais confiance. Mais je vous assure que si jamais vous cherchez à faire justice vous même ou que vous parlez à un journaleux, je ne serais pas tendre avec vous. Pas tendre du tout. C’est clair ? - Entendu. - Bon. Par où commencer… - Le début commissaire. Le début. Je veux tout savoir. Monchaud lança un regard noir à Noé. Noé l’encaissa sans broncher. Il s’avança même jusqu’à poser ses coudes sur le bureau du chef de la police poitevine. Dans le même mouvement, le commissaire s’enfonça dans son fauteuil. Il était acculé. Il n’avait pas le choix. Plus maintenant. Alors il lui sortit toute l’histoire. Il s’agissait d’une bande de marginaux genre Zadiste No Border et toute cette clique. Ils s’étaient mis en tête de pourrir la ville de leurs messages. Ils vivaient aussi de rapines et de vols à l’étalage. Ils, la police, ne savaient pas ils logeaient. Même s’ils logeaient ensemble. Toujours est il qu’il y a deux semaines ils avaient été filmés par les caméras de surveillance de la ville alors qu’ils volaient et tabassaient des types qui sortaient de la boite de nuit la Goule . Une plainte avait été déposé. C’est là qu’ils les avaient vu pour la première fois. - Et maintenant ? Vous en êtes où ? - Vous savez très bien que je ne peux rien vous dire. - Je porte plainte ? - Évidemment. Et moi je vais verser vos photos au dossier. Ils se quittèrent dans une poignée de main pleine d’un respect mutuel. Noé avait ses réponses. Monchaud plus d’éléments pour les faire tomber. Il suffisait d’attendre maintenant. D’attendre qu’ils soient logés. Ou qu’ils commettent un autre forfait. Ça allait être long. D’attendre. De ne pas se faire justice soi même. Et surtout de compter sur les autres. Noé en était à se demander s’il devait en parler à Rabotin quand, dans le hall central du commissariat, la vision de Stéphane et Karim le sortit de ses pensées. - Eh les gars ! Qu’est ce que vous foutez là ? - Et toi ? - Je viens de porter plainte. L’agence à été vandalisé. - Alors il y a bien des gens qui nous en veulent. A nous. A nous trois. - Qu’est ce que tu racontes Stef ?
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