Rabotin
lui
avait
dit
qu’il
était
invité
par
Saurier
à
la
réunion
de
campagne
municipale
de
Antoine
Crotty
pour
prendre
part
aux
futures
orientations
de
la
commune.
Noé
avait
très
vite
compris
que
c’était
une
invitation
qu’il
ne
pouvait
pas
refuser.
Parce
que
c’était
une
convocation.
Et
pas
une
invitation.
Et
puis
son
mail
lui
avait
valu
un
entretien
téléphonique
musclé
avec
Saurier
qui
regrettait
presque,
c’était
ses
mots,
d’avoir
fait
de
lui
le
premier
employé
du
mois
de
la
banque.
Enfin,
ce
type,
Crotty,
était
surtout
connu
comme
le
fils
d’un
papa
qui
contrôlait
une
grande
partie
de
la
grande
distribution
de
la
ville.
Bien
évidemment
il
se
souvenait
des
propos
de
Karim
à
propos
des
cinq
familles.
Et
Noé
se
disait
que
si
elles
existaient
cet
arriviste
devait
en
être
issu.
Coiffé
avec
la
couronne
qui
les
faisait
tous
ressemblé
à
des
nazis,
le
type
ne
lui
avait
pas
plu
sur
les
affiches
qui
commençaient
à
fleurir.
Alors
lorsqu’il
entra
dans
le
TAP,
c’était
à
reculons.
Et
sa
première
impression
se
confirma.
Les
beautiful
people
étaient
de
sortie.
Il
s’avança
un
peu
puis
vit
Saurier
et
Rabotin
en
pleine
discussion
avec
le
candidat.
Autour
d’eux
gravitaient
des
types
de
la
même
tranche
d’âge,
avec
la
même
couronne
et
la
barbe
bien
taillée,
dossiers
sous
le
bras.
Ils
semblaient
être
très
concernés.
Leur
air
sérieux
montrait
à
quel
point
ils
tenaient
à
se
donner
de
l’importance.
Tout
autour,
le
long
des
tables
de
petits
fours,
Noé
reconnut
deux
ou
trois
confrères
banquiers
et
un
type
un
plus
à
l’écart
qui
ressemblait
à
une
loque.
Un
journaliste
de
toute
évidence.
Sur
la
scène
les
derniers
tests
étaient
effectués.
C’était
la
chance
de
Noé.
Le
discours
n’avait
pas
encore
eu
lieu.
Il
pourrait
donc
s’éclipser
gentiment
quand
les
lumières
s’éteindraient.
Il
prit
donc
son
courage
à
deux
mains,
réajusta
sa
cravate
et
défroissa
sa
chemise
blanche
pour
se
diriger
vers
ses
supérieurs
et
le
petit
morveux.
- Noé ! Quel plaisir de vous voir !
- Monsieur Saurier.
-
Permettez
que
je
vous
introduise.
Noé
Ouedraougo
est
le
chef
d’agence des Couronneries. Il effectue un travail formidable.
- Monsieur Crotty.
Le
type
lui
décocha
un
sourire
photoshop
et
lui
serra
virilement
la
main.
Au
moins
avait
il
de
la
poigne.
Il
prit
en
un
clin
d’œil
le
même air sérieux que ses larbins et attaqua déjà sa campagne.
-
M.
Ouedraougo,
j’ai
appris
pour
les
dégradations
dont
votre
établissement a fait preuve. Et j’en suis particulièrement navré.
- Merci.
-
J’ai
eu
le
commissaire
Monchaud
il
y
a
peu,
il
m’a
dit
que
des
gens
avaient
été
identifié
grâce
à
votre
courage.
M .
Saurier
a
raison,
vous êtes quelqu’un de remarquable.
-
Oh,
je
sais
pas
si
on
peut
dire
ça.
Disons
juste
que
je
n’aime
pas
trop
qu’on
cherche
à
m’imposer
quoi
que
ce
soit.
Je
protège
mon
territoire en quelque sorte.
Crotty
partit
dans
un
rire
à
gorge
déployé
et
ses
sbires
esquissèrent
un
sourire.
Le
rire
de
Saurier
et
Rabotin
était
beaucoup
moins
franc.
Le
message
était
passé.
Alors
que
Noé
allait
les
laisser,
Crotty
posa
sa main sur le bras de Noé, comme pour le retenir.
- Vous êtes bien des Couronneries !
- Faut croire.
-
Sachez
que
lorsque
je
serai
élu,
je
compte
redéfinir
les
prérogatives
de
la
police
municipale.
Avec
le
plan
vigipirate
,
les
routes
migratoires,
notre
police
nationale
n’a
plus
le
temps
pour
ce
qui vous arrive. Je peux vous assurer que nous saurons y faire face.
- Bonne chance alors. Au revoir messieurs. Mes filles m’attendent.
-
Et
en
plus
vous
êtes
un
père
courage !
Ravi
de
vous
avoir
rencontré
M. Oudrogo.
Crotty
fit
un
signe
de
tête
au
sbire
à
sa
droite
qui
griffonna
quelque
chose
sur
une
carte
de
visite
qu’il
remit
à
Noé.
Déjà
Saurier
avait
repris
leur
conversation.
Une
histoire
de
partenariat
public
privé.
Rien
qu’à
ces
mots
Noé
accéléra
le
pas.
Sa
dernière
rencontre
avec
ce
genre de choses ne lui rappelait pas que de bons souvenirs.
Il
était
en
train
de
regarder
la
carte
la
tête
baissée
quand
il
faillit
tomber
à
la
renverse.
Une
jeune
femme,
elle
aussi
la
tête
penchée venait de le percuter.
- Excusez moi, Monsieur.
- Ne vous excusez pas, c’est moi qui devrait m’acheter des lunettes !
Elle
rit
de
bon
cœur.
D’un
si
bon
cœur
que
le
son
de
sa
voix
le
plongea quelques jours plus tôt.
Merde.
C’était donc eux.
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