Stéphane ne tenait pas en place. Devant lui, l’écran Hakim essayait de rendre audible les sons qui leur parvenaient du smartphone de Stéphane, planquée dans une voiture dont il essayaient de connaître la localisation et l’objet. Et c’était long pour Stéphane. Très long. Il avait fait le chemin depuis la place Notre Dame en écoutant avec ses oreillettes mais le signal avait cessé dès qu’il était arrivé au Jardin des Plantes. Devant l’arrêt de bus, il s’était demandé comment savoir. Savoir ce qu’ils allaient faire. Ou plus exactement ils allaient frapper. C’est qu’il s’était aperçu qu’il n’avait qu’une alternative. Hakim. Hakim et son sous sol quasi militaire. Un poste de commandement tout trouvé. Et maintenant le temps, si prompt à filer ces dernières heures, semblait vouloir s’étirer sans qu’il n’y ait de dénouement. - Putain Stef ! Arrête de tourner en rond comme ça, tu me files le tournis. Y’a du jus de fruit dans le frigo. Vas t’asseoir avant que je te colle une beigne. -T’en es où ? T’arrive à entendre quelque chose ? Ils disent quoi ? Ils sont où? Tu peux voir ce qu’ils font ? - C’est bon ? - Quoi ? - T’as fini avec tes questions ? Arrêtes de me harceler et, putain de bordel de merde, vas t’asseoir. De mauvaise grâce et devant le regard de tueur de Hakim, il abdiqua, prit un jus de fruit dans le frigo derrière eux et alla s’asseoir sur le canapé à l’angle sud est de la salle. Ils allaient commettre encore quelque chose. Dégrader un nouveau lieu. Serait il encore lié à eux trois ? Leurs motivations étaient claires. Ils voulaient de façon dure, marquer le coup. Littéralement. Faire passer leur message de la moins subtile des manières. Mais pourquoi eux spécialement ? Quel était le lien ? Et qu’attendaient ils de leur action ? Puisqu’elles ne pouvaient être que contre productives ? Pour Stéphane tout cela ressemblait à un jeopardy en fait. Il avait les réponses. Il savait ce qu’elles disaient. La mal bouffe est un crime contre l’humanité. Là était résumé leur extrémisme, leur idéologie et leur mode d’action. Il savait le pourquoi, en fait. Oui. Ce qui lui manquait c’était eux, en fait. Qui ils étaient. Tout le reste en découlerait. A moins que tout cela cache quelque chose de plus banal. Comme emmerder le monde. Ou un proche. Le connaissaient ils alors ? Il fallait qu’il sache où ils étaient. Il alla chercher son sac à côté de la porte du garage sous l’œil intrigué de Hakim et se désapa pour enfiler sa tenue en polyuréthane. Il s’assura sans la sortir que sa matraque était bien là. Puis posa ses lunettes. Il était ce qu’il aurait dû être depuis le début. - J’ai ! Stéphane se leva d’un bond et visualisa le point rouge à l’écran. Puis il lut les coordonnées indiquées. Poitiers. Rue Maillochon. N°4. Bordel.
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