L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
- Non mais ça va pas ou quoi ? Qu’est ce qui t’as pris ? - J’avais juste besoin de dormir. - Je te parle pas de ça ! Bordel, pourquoi as tu été le faire chier avec des questions à la con ? C’est encore ta croisade contre le mal ? C’est ça ? Tu veux encore t’attirer des ennuis ? Quelle idée avait eu Karim de s’ouvrir de ses soupçons à Aïsha ? Pourquoi ? Pourquoi fallait il qu’il fasse toujours étalage de ses conneries ? A cet instant précis, alors que son café refroidissait dans son mug et que Aïsha secouait la tête, il n’avait pas la réponse. Il avait cru bien faire. Eviter que des gens mal intentionnés se servent de l’hôpital pour tuer d’autres gens encore plus désemparés. En fait, il se rendait compte de sa bêtise. Mais ce n’était pas sa faute. - Mais Stef, il m’a dit que les vols d’ordonnances étaient monnaie courante. Et puis j’aime pas la tête du préparateur. Il fait vicelard. - Et allez ! Encore un délit de faciès ! Tu ne comprendras donc jamais ? - Comprendre quoi ? - Ok. Laisse tomber. Je vais me doucher. Et elle s’était levé sans finir son thé. Merde. Merde de merde j’ai encore merdé. Elle le lui avait suffisamment dit pourtant. Ne pas juger les gens. Jamais. Ni sur leur apparence ni sur leur passé. N’empêche qu’il y avait un truc bizarre dans ces histoires d’ordonnance. Et ça le titillait. Comme une idée qui n’arrivait pas à sortir de sa tête. Alors il allait fermer sa gueule et surveiller. De loin. Mais assez prêt pour voir si le gars n’était pas carrément à refourguer des ordos à qui le voulait. Ou à qui le payait suffisamment. Oui. Il le sentait. Il y avait quelque chose d’évident dans la façon dont il lui avait délivré le xanax. Comme si c’était quelque chose de facile. D’entendu. De banal. Et il avait vraiment une sale gueule. Karim entendit l’eau commencer à couler dans la salle de bains et l’espace d’un instant, il eut envie de la rejoindre. Pour se faire pardonner. Mais il se ravisa aussi vite. Il était particulièrement de bonne humeur ce matin - merci au xanax et se dit qu’il risquait davantage d’aggraver les choses que de les résoudre. Il préféra prendre sa tasse de café , la remplir et aller dans le jardin. L’air était frais mais l’été était là. La chaleur déjà présente à cette heure. Il posa sa tasse sur la table de jardin déniché à Emmaüs et commença à surfer sur son smartphone. Il se demanda aussi si Stef allait mieux. Bordel. Il avait presque oublié. Qu’est ce qui lui était arrivé dans ce camp ? Et le type qui était mort ? Qui était ce ? Un ami à lui ? Et Yvan ? Bordel, ils avaient vraiment le don de se foutre dans la merde. Le pire c’est qu’il savait exactement ce qui s’était passé. Il le devinait. Un type était venu lui demander des denrées pour le camp et il avait embarqué Yvan avec son pain pour livrer le camp. Karim se souvint alors d’un livre qu’il avait lu il n’ y a pas très longtemps. Entre deux mondes. C’était sur la jungle de Calais. Il était prêt à parier que Stéphane ou Yvan ne l’avaient pas lu. Et quand bien même… Personne ne soupçonnerait ce que la misère a de plus hideux. Son exploitation. - Stef ? - K. - Comment tu te sens ? - Comme un gars avec un poumon perforé. - Ouais. T’es sorti ? - Depuis hier soir. - Des nouvelles d’Yvan ? - Il est sorti aussi, hier. - Comment va t il ? - Mal. Surtout le moral. - Il t’en veut ? - Non il en veut aux types qui nous ont accueilli. - Je vois. Je passe te voir ce soir chez toi. T’as besoin que je te ramène quelque chose ? - Un peu de rhum, je crois que j’en ai besoin.
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