L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
Stéphane l’avait pris sur le fait. Pile quand il avait foutu le paquet de pâtes sous son t-shirt et avait commencé à faire demi-tour. Depuis quelques temps, il l’avait repéré à venir acheter pour deux ou trois euros de marchandises et partir avec les yeux plus grands que le ventre. Alors quand il l’avait vu entrer ce matin, il avait fui dans sa panic room et allumé toutes ses caméras. Le type semblait inhibé au début puis il avait pris une baguette. Dont il avait mangé la moitié sur place puis une boîte de piments et une autre de sardines. C’est au paquet de pâtes qu’il avait jugé que son marché était fait. Et que Stéphane était sorti avec sa batte de base ball. - Bouge pas enculé ! Le type avait tout lâché et s’était lancé dans la rue en remontant vers l’avenue de la Fraternité. Stéphane s’en doutait, il lui sauta dessus juste avant le rond point de l’ Allée Danton. Yvan avait sa mèche au vent et état aussi ahuri qu’un type que l’on vient de réveiller. - Alors tu crois que tu vas continuer à me la faire à l’envers, petit bâtard ? Quand le type s’était contorsionné sous lui pour lui faire face, Stéphane s’était dit qu’un petit bâtard aux cheveux blancs ça n’existait pas. Inconsciemment il avait relâché sa prise et s’était relevé avant de tendre la main à son voleur. - Bordel, je te connais, qu’est ce qui t’arrive mon gars ? - J’ai plus d’argent. Et j’ai deux filles. - Comment ça t’as plus d’argent ? - Me suis fait licencié. - D’où ? - Du roof top. A cause du COVID. - Oh. Et t’as une famille alors ? Le gars avait saisi la main de Stéphane et s’était ensuite épousseté les jambes. Yvan était arrivé à ce moment là. - J’ai tout vu, Stéphane. Je suis ton témoin. - Laisse tomber Yvan. C’est un bon client. - Un bon client ? Un bon client qui te vole ? T’es sûr que ça va, fils ? - Oui, oui. On va s’arranger. Viens avec Jouvence. C’est bien ça, Jouvence ? - Oui. Oui c’est bien ça, M. Peyroux. Jouvence avait suivi Stéphane jusque dans son magasin en finissant de vider ses poches. Des sucettes, des bonbons au caramel et des canettes de coca. Sans doute pour ses filles. Il les avait posé sur le comptoir de Stéphane et ensuite avait retourné ses poches pour lui dire qu’il pouvait faire ce qu’il avait à faire il ne verrait jamais d’argent. Stéphane lui avait dit qu’il s’en foutait. Il l’avait fait s’asseoir à sa place et était allé faire le tour des boites de conserve. Son défaut était qu’il ne mettait pas les plus anciennes devant. Il trouva alors suffisamment de cassoulet et de couscous et petits pois pour l’aider à tenir un bout. Jouvence l’avait regardé avec des yeux ronds. Du genre, "C'est pas possible ?". - Tu loges, vous logez où Jouvence ? - On est tous les trois à Queaux. - Queaux ? C’est où ça ? - C’est au sud. Y ‘a un camp là bas. - Un camp de quoi ? - De réfugiés. - Ah bon ? - Ahahah, M. Peyroux, vous êtes drôles comme les français sont drôles. Vous ne savez même pas ce que fait votre gouvernement et vous êtes les premiers à dire aux nôtres ce qu’ils doivent faire ! Ahaha !
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