L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
Karim et Noé regardaient le ballet des véhicules de maintien de l’ordre sortir un par un les passeurs qui venaient de se faire loger par Stéphane. La bagarre voulue n’avait pas eu lieu. Il n’en avait pas été nécessaire. Parce que Favreau et Monchaud bénéficiaient d’un témoin clé. L’imam. Après avoir dit trouver les passeurs, c’est-à-dire sous sa tente, il avait tout déballé. L’argent fourni à Mesraoui pour obtenir de la came. La découverte des faux médocs. Et la loi du silence appliquée de la plus brutale des manières. Autant de preuves à charge qui avaient sauvé Stéphane d’une deuxième rouste en moins d’une semaine. Parce que lorsqu’il avait provoqué les passeurs dans leur propre maison, le but était simple. Le flagrant délit. D’ailleurs cela avait été le cas. Une fois sous la tente, Ibrahim, qui avait filé hors du camp, avait retrouvé Favreau et expliqué qu’il était en place. Et qu’ils étaient tous au même endroit. Pas de risque de se faire prendre à revers. Avec l’aide des hommes de Monchaud, ils avaient encerclés la tente. Et quand ils avaient entendu le premier bruit de flingue qu’on arme, ils étaient entrés. Puis, une fois encerclés, les mecs avaient laissé tomber leurs armes et levés les bras. Ces gars n’étaient pas des débutants. Ils savaient quand ils avaient perdus. Stéphane disparut alors comme il était apparu pour rejoindre Ibrahim, Karim et Noé avec le commissaire Favreau. - Alors ? On est bon ? - Bon boulot Stéphane. - Et le camp ? Les migrants vous allez en faire quoi ? Favreau baissa les yeux et farfouilla dans ses poches en soupirant. Il sortit sa vapot’, la même qu’il lui connaissait du temps il gérait la police pictave, et regarda les trois amis tour à tour avec son éternel air fatigué. - Je suis désolé. - Désolé ? C’est-à-dire, commissaire ? - On va les évacuer, Karim. On va les répartir sur d’autres centre de réfugiés sur la Nouvelle Aquitaine. - Quel genre de centre, commissaire, le même que le Formule 1 de Poitiers ? - Oui, Noé. Ce genre de camp. - Mais enfin bordel, vous savez ce qu’on y trouve dans ces camps, commissaire ! - Je sais, Stéphane, je sais. Stéphane , qui avait retrouvé une apparence normale ne cacha pas son mécontentement et tourna les talons. Karim et Noé le regardèrent s’éloigner et le virent demander une clope à un CRS. Dégoûtés. Voilà ce qu’ils étaient. Dégoûtés. - Pourquoi ? Pourquoi commissaire, vous ne nous laissez pas les intégrer ? - Ce n’est pas moi qui décide les enfants. Ce sont les ordres. Les ordres de l’administration centrale. - Vos ordres sont de parquer ces gens dans des conditions inhumaines et les empêcher de se construire un avenir ? Vos ordres sont de leur laisser comme unique choix le vol, la drogue le tout à la merci d’organisations mafieuses ? Alors votre administration est malade , commissaire. A son tour Karim tourna les talons et alla rejoindre Stéphane. Pour lui aussi tout était dit.
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