LadernièrevisionqueStéphaneavaitétaitcelled’unhommequil’avait accueillilesbrasouvertspourmieuxluiplanterunpoinçondanslefoie. Ilsn’avaientpaseuletemps,nilui,niYvan,niJouvencededescendrela marchandise.Ilsn’avaientpaseuletempsdedirebonjour.Pasmêmedevoir lecamp.Arrêtésdevantleportailetlesclôturesenbarbelés,ilsavaient attenduquel’onvienneleurouvrirpourmieuxlesassassiner.Toutle reste,c’estKarimquiluiavaitraconté.Lepillagedufourgon.Lamortde Jouvence.L’étatcritiqued’Yvan.Sonpoumonperforéetlepneumothoraxqui l’empêchaitdebouger.SonBerlingoréduitencendres.Etlescrisdebêtes pousséslorsquelapoliceetunecompagniedeCRSétaientvenusles exfiltrer. Et personne ne savait qui les avaient prévenus.PasplusqueceluiquiavaienttuéJouvence,tabasséYvanetl’avaient laissépourmortn’avaientdenomoudevisage.Alorsquandilrouvritles yeuxetréussitenfinàs’assoirsurleborddesonlit,ilnefutpas surpris de voir deux policiers en faction devant la porte de sa chambre.Bordel.Il voulait juste aider de pauvres bougres.Oui.Juste aider.Alors la question était, qu’est ce qui avait merdé ?Iln’allaitpastarderàlesavoir.Letempsqu’ilaillepisseravec l’impressionquesontorseétaitsoudéàseshanches,tellementsonabdomen étaitmeurtri,unofficierdepolicejudiciairedelagendarmerienationale était déjà dans sa chambre, assis sur la seule chaise, face à son lit.- Comment va Yvan ?-Bonjour.Ilvamieux.Ilestsortidessoinsintensifs.Ilrécupèrepetit à petit. Comme vous.- Le toubib m’a dit que je pouvais rentrer chez moi. Et lui ?- Pas encore. Pas avant un long moment.- Qu’est ce que vous voulez savoir ?- Tout . Depuis le début.- OK. Vous feriez bien de brancher un enregistreur.Quandl’OPJeutallumésondictaphone,unevieilleriequin’existaitque danslesservicesexsanguesdelaRépublique,Stéphaneluiexpliquale larcindeJouvence.Sagentillesse.LeurdécisionavecYvanetenfinlecoup de surin.- Et vous ? Vous pouvez me dire quoi ? Vous avez des pistes ?Legendarmeenlevasoncalotetcommençaparéteindresondictaphoneetle rangerdansunedesespochesdechemise.Puisilsetortillasursachaise etregardapardessousStéphane.Legenredecomportementquitraduisaitun malaise.Pasbesoind’êtrepsychologuepourlevoir.Pasbesoindedessin pourcomprendrequelaloidelaRépubliques’appliquaitjusqu’àceputain deportailoùunhommesanspapieretdoncsansidentitépourlaRépublique avait été tué et deux autres, plus respectables laissés pour mort.Il pensa à la jungle de Calais.Il pensa que c’était la Jungle là aussi.Celle du Poitou.Et d’ailleurs.IlpensaàtouslesbeauxdiscoursdelamandaturedeFrançoisHollandesur le placement des migrants sur le territoire pour favoriser leur intégration.Et comprit qu’ils avaient échoué.Ouplusexactementmorcelélachosesuffisammentpetitpourquecelane fasse que des vaguelettes et plus de tsunami.-L’enquêteavance.Jenepeuxrienvousdirepourl’instant.Ilnousest difficile de progresser car, et bien, le camp, en fait…- Échappe à votre contrôle.-Jenediraispascela,disonsqu’ilasespropresloisetquenousfaisons toutpourlescomprendre,lesassimileretlesrendrecompatiblesavecla République.- Je vois.-Bon,jereviendraiscertainementversvousdanslesprochainsjours.Je voustiensbienévidemmentaucourantdel’avancéedel’enquête.Prenezsoin de vous Monsieur Peyroux.IlneluiavaitmêmepasparlédeJouvence.Ilneluiavaitmêmepasparlé duportraitrobotqu’illeuravaitdonnéilyadeuxjours.Ilétaitjuste venuvoircommentilallait.IlluiavaitjusteditquelaRépublique refusaitdes’appliquerpartout.Parcequ’ellerefusaitdedonnersachance à de pauvres bougres qui avaient fui la guerre. Pour se retrouver sous le joug de la loi du plus fort.Quelle merde.Stéphane finit par appeler les infirmières.Trop mal.A la tête. Au flanc. A l’âme.