L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
Karim avait fait chou blanc. Pas une dose de vendue. Pas un client non plus. Pourtant Yvan avait fait fissa. Et le pharmacien aussi. A la fin de son service il était équipé. Et il s’était posté à l’entrée des urgences, montrant, quand il le sentait, ses doses bien emballées et bourrées de farine de blé agglomérée. Il avait été obligé de changer de place lorsque sa cadre était venu lui demander ce qu’il était en train de faire. C’est qu’il avait compris. Ca ne mordrait pas. Ca ne mordrait pas parce qu’il aussi visible que le nez au milieu de la figure. Trop dangereux. Trop risqué pour l’acheteur potentiel. Alors il était monté dans les services. Et c’était trouvé comme un con. Il lui aurait fallu une porte d’entrée. Il lui fallait quelqu’un d’introduit dans ce petit commerce. Oui. Il lui fallait un complice. Mais de quel acabit ? Un racketté ? Un racketteur ? Peu importe. Il prendrait ce qu’il trouverait. Il monta jusqu’au 8ème étage et se posta dans la salle d’attente du service de maladies infectieuses. Bien évidemment il ne se passa pas deux minutes avant que celui qui devait être le cadre ne vienne le voir. - Je peux faire quelque chose pour vous ? - Je attends ami. Famille. Moi attendre. Et de lever les bras en signe d’innocence. - La famille de quelle personne ? - 838 Il roula bien les r et avala les deux huit pour faire plus étrange. - Vous pouvez remonter votre masque s’il vous plaît ? - Oui. Oui. Excuse monsieur. Le pauvre homme avait disparu avant que Karim soit soulagé de travailler dans cette usine. Il ne l’avait même pas reconnu comme un soignant. Et maintenant il discutait au téléphone pour une entrée compliquée en tempérant les plaintes des infirmières. Partout le même bordel pensa Karim. Après cinq minutes, il se dit qu’il était temps de bouger. Personne ne viendrait. En se levant il faillit percuter un homme renfrogné qui parlait une langue qu’il ne connaissait pas. - Excusez moi. - Pas grave. Bonjour. - Dites moi ça ne vous intéresserait pas ? La réaction du bonhomme ne fut pas celle escomptée, il commença à gueuler puis se mit à courir vers les infirmières et les aides soignants un plus loin dans le service en le pointant du doigt. Karim n’attendit pas son reste et s’enfuit en descendant les 10 étages de marches d’escalier pour ressortir en sueur dans le hall principal et filer vers sa voiture. Merde. C’était mort. Résigné et fataliste, il se dit qu’il ne pouvait pas changer cela seul. Et même si il donnait un coup d’arrêt, dans deux mois ce serait reparti de plus belle. Quand il arriva rue Maillochon, il reçut un message de Aïsha pour lui dire de ramener du pain. Il remonta l’avenue, et vit que le Guevara avait mis la clé sous la porte. Arlette avait fini par rendre les armes. Il se dit qu’il l’appellerait bientôt puis acheta sa baguette et remonta la rue. Quand il arriva sur le pas de son petit immeuble , un homme basané, bien habillé et la barbe bien taillée semblait l’attendre. De fait il l’attendait puisqu’il se leva à sa rencontre. - J’aimerais vous présenter quelqu’un, Monsieur Jaïsh. Accepteriez vous de me suivre ? - Qui ? Pourquoi ? - Un homme intéressé par ce que vous portez dans votre sac. Et qui souhaiterait vous parler affaires.
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