L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
Le polyuréthane entravait les mouvements de Stéphane. Il y était habitué maintenant. Comme il était habitué à cette boule au ventre qui précédait chacune des actions de l’homme en noir. Quand Ibrahim franchit les portes délabrées du camp , il l’avait, cette boule. Il l’avait, bien présente, jusqu’à la limite de la nausée. Le stress. Le stress à l’état pur. Il souffla un grand coup et emboita dans les ombres les pas de son apprenti. Les rôles étaient inversés maintenant. Il était celui qui suivait. Et Ibrahim celui qui guidait. Mine de rien cela en disait long sur cette frontière entre le monde que tout le monde connaissait et leur monde à eux. Celui des sans frontières. Sans frontières. Cela aurait fait une belle propagande pour les no borders. Pourtant cela ne pouvait être plus éloigné de la réalité. De frontière, ils s’en prenaient une dans la gueule à chacun de leurs actes. Sortir. Pisser. Manger. Travailler. Partir. Oui. Partir. La plupart des afghans et des africains qui logeaient dans ce camp n’étaient qu’en transit. Ils ne rêvaient que de l’Angleterre. Le pays l’on pouvait ouvrir son kebab pour 30 livres en moins d’une demi heure. Rien à voir avec les lourdeurs administratives de la France. Alors quand Stéphane avait voulu ouvrir un chemin pour eux, cela n’avait convaincu que les plus jeunes. Et les plus crédules. Qu’était un contrat d’apprentissage et une inscription sur la demande de réfugié politique face à la puissance économique et libérale du Royaume Uni ? Rien. Il s’en rendait compte maintenant. C’était un rêve de pauvre français qui croyait encore que les valeurs qu’elle représentait étaient entendus de par le monde. Conneries. - C’est là. C’est là qu’ils sont Stéphane. - Ok. Retourne vers l’entrée. Et planque toi avec le commissaire. Le gamin le regarda un instant trop long pour qu’il ne puisse s’empêcher de parler. Aie confiance en moi Ibrahim. Je vais les serrer. Je vais les serrer pour de bon. Va te mettre à l’abri. Il le regarda s’éloigner, suivant son injonction, vers l’entrée du camp et tourner à droite, vers le 4x4 de Monchaud et la sécurité. Lui était maintenant en danger. Il baissa ses lunettes pour ne plus voir les migrants qui tournaient autour de lui et se concentrer sur le halo jaune et blanc de la tente de l’imam. était ceux qu’ils voulaient. étaient ceux qui l’avaient rossé. était la raison qui le plaçait plutôt que les forces de l’ordre. La vengeance. Le retour de bâton. - Alors les bâtards on attends que les mules aient finies leur tour ?
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