L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
- Il t’en faut combien ? - Je sais pas pour tenir deux ou trois mois. - OK. Prends ça et va les faire tamponner. T’auras qu’à signer. - Mais… - T’inquiètes, je te couvres. - Bon… - Par contre ne l’ébruites pas. J’ai les oreilles très sensibles, ok ? - OK. Karim allait lui demander si il faisait ça avec beaucoup de monde mais le type était déjà en train de pianoter sur son ordinateur. Le boulot, quoi. Karim se dit alors qu’il devait le faire avec ceux qui comme lui avaient un besoin urgent de médocs. Avec les soignants. Le privilège de la blouse blanche, sans doute. Une fois dehors, habillé et les ordonnances tamponnées, il vit qu’il n’y en avait qu’une seule qui était datée et remplie. De quoi le rendre à nouveau péchu. Avec un post it pour ce qu’il ne fallait pas mélanger et ce dont il ne fallait pas abuser. A la pharmacie tout passa come une lettre à la Poste. Pas de suspicion. Pas de questions indiscrètes. Rien. Même pas de fric à avancer. Parfait. Une fois chez lui, il ouvrit les boites de cachetons et regarda ce qu’il lui avait prescrit. Des vitamines. Des neuro stimulants. Des anxiolytiques. Et des somnifères. Le post it disait de ne pas mélanger somnifères et anxiolytiques. Soit l’un soit l’autre. Tout comme il ne fallait pas dépasser une comprimé par jour de neuro stimulant. Quand il avait lu la notice, il avait vu que l’indication pour ce médoc était le maladie de Parkinson. Merde. Ça ressemblait à une pochette de bonbons bien préparée. Le pharmacien venait de lui donner le parfait cocktail pour qu’il soit toujours au taquet et qu’il puisse se reposer sans soucis. De quoi agir sous influence. Sous influence de la dope. Son dernier souvenir avec les psychotropes fit retentir une sonnette d’alarme dans sa tête. Et un mot s’afficha dans ses mirettes. Addiction. Il rassembla alors le tout et le fourra dans un sac poubelle. Puis il sortit son ballon de basket, le gonfla et appela Stéphane. On était lundi. Il devait être de repos. Il décrocha au premier appel et ils se fixèrent rendez vous dans un quart d’heure au Jardin de Plantes. - T’as une sale gueule mon pote. On te cherche encore des emmerdes ? - Non, non, je crois que j’ai besoin de me vider la tête. - Personne n’est revenu vous emmerder quand même ? - Non, non. - Bien. Premier à quinze. Ils échangèrent ainsi les paniers pendant une bonne heure. Tout au long, Karim semblait s’alléger. Il lui semblait que de la distance se créait entre ce qu’ils avaient vécu avec Aïsha et l’ici et maintenant. Ils s’asseyèrent quelques instants et burent un peu d’eau. Le temps de reprendre leur souffle. Et attaquèrent pendant une demi heure une partie de un contre un. Ce fut Stéphane qui dit stop. Il avait certes gagné le concours de tirs. Mais pas le match. Karim, lui, continua à shooter tranquillement alors que Stéphane répondait à un appel pour son boulot de toute évidence. Une fois le coup de fil passé il regarda l’heure et se leva pour faire quelques shoots avec Karim. - Comment va Aïsha ? - Elle va bien. Mieux en tout cas. - Votre appart ‘ ? - Comme s’il ne s’était rien passé. D’ailleurs avec le temps, je me dis que ce n’était qu’une bande d’abruti, rien de plus. - Ouais pas de Bloc identitaire ou de trucs bien casse couille. - Oui, voila. Ils continuèrent à shooter un bon quart d’heure. Chacun dans leur bulle. Karim ne voyant tout simplement pas les regards que lui lançaient régulièrement Stéphane. Celui-ci voyait que quelque chose le tracassait. Il prit alors le ballon de son pote et se posta pile face à lui. - Bon tu vas la cracher ta valda ? - De quoi tu parles ? - Qu’est ce qui te tracasse, toi le bavard qui se la joue à la Noé. Allez arrêtes de faire l’autiste. - Dis moi quand tu dealais, t’avais des ordonnances signées ?
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