L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
Stef avait été on ne peut plus clair. Les ordos volées, c’était une affaire de tox. La plupart faisaient des allers retours entre l’hosto et la rue et dès qu’ils étaient mieux, il ne pensaient qu’à une chose. Replonger. C’était pour cela qu’ils volaient des ordos. C’était en quelque sorte un business à part. Oui. Un business à part. Celui des tox, évidemment. Et celui que Stéphane ne connaissait pas. Celui d’une mafia. Une mafia que Karim n’arrivait pas à identifier. Il avait essayé pourtant. Il avait parlé avec la pharmacienne. « C’est une légende, Karim ! On perd davantage de médocs qu’on nous en vole. Mais pourquoi tu t’intéresses à ça d’un seul coup ? » Il n’avait pas répondu, il n’avait pas dit pour l’ordonnance de l’interne. Et encore moins qu’elle était vierge. Par contre il était retourné le voir. Coincé dans son bureau, au milieu des feuilles de traçabilité, il l’avait reçu les yeux fixés sur son ordinateur. - T’as encore besoin de quelque chose ? - Oui. En quelque sorte. - En quelque sorte ? - Je voudrais que tu me dises quel est ton business. L’interne stoppa net ce qu’il était en train de faire et plongea ses yeux dans ceux de Karim, le visage sévère. Karim comprit qu’il avait mis le doigt dessus. Dessus un point sensible. Particulièrement sensible. - J’ai qu’un conseil à te donner Karim. Ne te mêles pas de ça. Jamais. - Pourquoi ? Parce que tu refourgues de la came ? J’ai pas l’intention de te balancer. Je veux juste savoir. Savoir qui en profites. - Je trempe dans aucun business. Je ne fournis de la came à personne. Je m’occupe au contraire de faire en sorte que rien ne manque à la fin de la journée. Ne te mêles pas de ça. Point barre. - Et tu es celui qui clôture les comptes. Tu es celui qui peut cacher des manques. Ou des disparitions. - Dégages. Karim s’était exécuté. Sous le regard dégoûté d’un homme qu’il venait de salir. Oui. Après tout , il était aide soignant. Pas policier. Encore moins justicier. Il retourna alors dans le hall des urgences adultes et fut tout de suite happé dans l’accueil au déchoc de deux adultes. Un homme de 57 ans avec de multiples fractures du crâne et un autre plus jeune qui allait filer direct en réa avec un poumon perforé. - Allez Karim, on s’occupe du vieux. La réa chir est prévenue, il vont recevoir le jeune en post op. Il faut que tu le transfères au B.U. tout de suite avec Jessica. Allez ! Karim, pris dans l’action ne regarda pas de qui il s’agissait. Il effectua avec sa collègue le transfert depuis le brancard des pompiers du patient placé sous masque à haute concentration. Un pansement imbibé de sang sur le côté et vit qu’un troisième corps était descendu. Mais lui avait déjà la tête couverte. - Qu’est ce qui s’est passé ? - Un règlement de compte, apparemment. Une histoire de migrants d’après ce que j’ai compris. - Putain… - Ouais. Allez on traîne pas. C’est au moment de franchir le sas du bloc d’urgence qu’il vit le visage sous le masque. Stéphane.
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