L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
Ce n’était pas de gaîté de cœur, mais Noé avait prendre son téléphone. Et appeler Rabotin. Au milieu de son bureau, il y avait toutes les propositions que Saurier avait rejeté en bloc et qu’il compulsait pour les proposer à l’assemblée des actionnaires. Il comptait bien faire parler les petits actionnaires. Et il comptait bien qu’ils suivent. Qu’ils soient assez nombreux pour bloquer ce qui s’était déjà mis en place. Ziad en tête. Il vendait ça si bien que Saurier l’avait déjà félicité, passant comme prévu, par dessus Noé. Une humiliation de plus. Noé n’en voulait pas pour autant à Ziad. Il faisait ce qu’il fallait pour gagner sa vie. Pour gagner mieux sa vie. Du moins c’est ce qu’il croyait. Ce que Noé n’aurait pas cru c’était la réaction de Jérôme. Cela venait peut-être de leurs dernières mésaventures. Toujours est il qu’il n’en n’avait vendu aucun. Pire il ne les avait même pas proposé aux quelques uns de ses clients qui auraient pu être assez solvables. Il est dans mon camp, pensa Noé. 1 sur 2. 50 %. Ramené à toutes les caisses cela annonçait une issue plus qu’incertaine. C’est pour ça qu’il bossait uniquement sur les propositions de ses collègues. Pour se donner le plus de chances de sortir vainqueur. Il le fallait. - Noé - Jean Claude - Que me vaut de vous entendre ? Vous avez décidé de rentrer dans le rang ? - Je ne l’ai jamais quitté. Vous avez simplement changé de rang. - Ecoutez Ouedraougo, si vous voul… - Stop ! - Quoi ? - Je vous appelle parce que je soupçonne des mouvements de fonds anormaux. - Je...Euh...Comment ça ? - J’ai ouvert un compte à un réfugié et depuis deux semaines, il dépose 300€ en petites coupures chaque mardi et vendredi sur le compte. Je pense que c’est de l’argent sale. - Hum… Une idée de l’origine ? - Comment ça ? - Vu que vous vous mêlez de tout, vous ne vous êtes pas encore mis à sa suite pour enquêter et retrouver l’origine certainement criminelle. Je parie pour le trafic de drogue. Tenez moi au courant. Pour l’instant sachez que de nombreuses PME paient leurs employés en liquide même de nos jours, Monsieur l’homme de terrain. Rien à signaler pour moi. Et pour vous. Clair ? - Clair. - Bien bonne journée. Et, oh, je passe vous voir bientôt au sujet d’un programme informatique, certainement après demain, ne le perdez pas en route. - Au revoir - Oui. A bientôt C’était ce qui s’appelle se faire renvoyer dans ses buts. Noé n’avait même pas pu lui dire que le type n’avait plus de boulot et que les Assedic payaient par virement. Il n’avait même pas pu en placer une à vrai dire. Il reprit son téléphone dans la foulée et s’apprêta à composer le numéro du commissaire. Mais il arrêta net son geste. Il devait se faire un film. Ou pas. Tout ce qu’il savait, c’est que ce qu’il avait sous les yeux était bien plus important pour lui. Alors il laissa passer. Oui. Il laissa passer ce que son instinct lui disait. Il laissa passer la magouille qui se jouait dans sa banque. Il laissa passer l’instant il fallait agir. Il laissa passer sa fierté aussi. Il serait plus heureux comme cela. Et dormirait l’esprit tranquille. Ces bâtards finissent toujours par revenir de tout façon. Et depuis quand un banquier se souciait de l’origine de l’argent ? C’était du liquide. Incolore. Inodore. Oui. Il n’était que banquier. Pas justicier. Et il avait décidé de s’occuper de ses affaires pour une fois.
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