Celaressemblaitpresqueauparadis.Karimn’avaitjamaisaussibiendormi depuisdesannées.Etl’odeurducaféàsonréveilavaitfinidele convaincredefinirsesjoursici,surlaterredessesparents.Etdecelui quis’enrapprochaitleplus.Lesmarchesenparquetdel’escalieroùse trouvaientleschambresdelamaisonbicententenairedeMauricegrincèrent et ne manquèrent pas de le faire parler.- Alors mon P’tit ? T’as bien dormi on dirait ?- Quelle heure il est Maurice ? Bonjour au fait.- A peine huit heures. T’es pas en retard. T’inquiètes.- Huit heures ? J’ai l’impression d’avoir dormi une éternité.- Faut dire que tu t’es couché de bonne heure, mon p’tit.- De bonne heure ?- 7 heures du soir c’est tôt chez nous.- Chez moi aussi Maurice. Comment vas tu ?-Bencommeunjeunehomme.Maprothèsedehanchemefaitsouffrirmais commedisaittonpère,tantqueçaparlec’estqueçavit.Ilavaitraison. Bon Dieu c’qu’il avait raison le Moha.- Vous étiez proche avec mon père ?- Ben, moi j’ai fait la guerre d’Algérie tu sais. Et lui aussi. Alors…- Mais si ça avait été un Fellag ?-Ohtusaisc’estjamaisfaciledechoisirentempsdeguerre.Toutceque j’saisc’estqu’ons’entendaitbien.Maispourquoiqu’tum’causesdeton père ?-Pourrien,Maurice.Pourrien.Justeparcequejesuiscontentde t’entendre.- Ah gardes ça pour ta femme. Tu veux de la confiture avec tes tartines ?- Je veux bien oui.- J’ai fait de la la mirabelle et de la gelée de co… Attends.Mauricestoppasonmouvementverslesmeublesenformicaaudessusde l’évierpourallerécarterlerideaudelafenêtredelacuisine.Samaisonétaitunmaisondebourg.SituéenpleincœurduVigeant.Etilyavait beaucoupdepassage.Toutletemps.Entreceuxquiembauchaientvers Poitiersetceuxquirentraientdeleurgarde.Lacampagneétaitadaptéeà laviedécaléequ’imposaitdeplusenplusletravailcitadin.Maislà, l’heureétaitpassée.Quelquechosed’autreavaitretenul’attentionde Maurice.- Vite files dans la chambre mon p’tit.Karimnecherchapasàcomprendreetremontaquatreàquatrelesmarches grinçantespourallerseloverdansl’armoiredelachambredeMaurice.Elle sentait la naphtaline. La naphtaline et l’eau de Cologne.Moinsdetroisminutesaprèsonfrappaitàlaporte.Karimneratariende ce qu’il se passait.- Monsieur Bouceron ? Maurice Bouceron ?- Oui. Et vous qui vous êtes ?-LecommissairedivsionnaireJeanFavreau.EtvoicilecommissaireKarl Monchaud de la Police de Poitiers.- Ben couillon. J’ai fait sauté la tour Eiffel sans le savoir ou quoi ?- Est ce que l’on peut entrer ?-Etpourquoidonc ?C’estunepropriétéprivéeici.Vousavezunebonne raison,dugenresurlepapierpourvenirdérangerl’honnêtecitoyenqueje suis mes couillons ?- Oh la, M. Bouceron, on veut juste parler à Karim.- Y’a pas de Karim ici. Pas plus qu’un autre bougnoule dans cette maison.-AllonsMaurice,jesuisceluiquevousavezaidépourmafille.Legros gaillard ! Vous vous souvenez ?- J’me souviens de rien. Foutez moi le camp ! Ou j’appelle le maire !- Laisse Maurice. Ces hommes sont de notre côté.MauriceregardaKarimdanslefonddesyeuxpuisregardalatêtedépressive deFavreaudelamêmemanière.Etilfinitparouvrirlaporteetles inviter dans sa cuisine. Oui.Toutlemondeétaitdumêmecôtédanscettehistoire.Toutceuxprésents dans cette pièce en tout cas.Ce fut Favreau qui ouvrit les sujets qui fâchent.- Votre beau frère est très doué vous savez Karim ?- Oui, je le sais.-Sidouéqu’ilaputriangulervotreportableaumomentdel’assassinatde Hicham Mesraoui. Je suppose que vous savez de qui je vous parle ?-Bordel,j’aijustevoululeprendreenflagrantdélit.Lecommissairevous le dira.-Oui.Maislapieuvreestplusgrossequemoi,Karim.Plusgrossequela police de Poitiers.-C’estpourçaquevousêteslà,Jean ?Parcequeletraficest international ?- Non. Je suis là pour ce qui m’occupe à plein temps. La sûreté de mon pays.- Hein ?