L’ANTIDOTE
La terre oubliée
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Depuis 2017
ALC Prods
Cela ressemblait presque au paradis. Karim n’avait jamais aussi bien dormi depuis des années. Et l’odeur du café à son réveil avait fini de le convaincre de finir ses jours ici, sur la terre des ses parents. Et de celui qui s’en rapprochait le plus. Les marches en parquet de l’escalier se trouvaient les chambres de la maison bicententenaire de Maurice grincèrent et ne manquèrent pas de le faire parler. - Alors mon P’tit ? T’as bien dormi on dirait ? - Quelle heure il est Maurice ? Bonjour au fait. - A peine huit heures. T’es pas en retard. T’inquiètes. - Huit heures ? J’ai l’impression d’avoir dormi une éternité. - Faut dire que tu t’es couché de bonne heure, mon p’tit. - De bonne heure ? - 7 heures du soir c’est tôt chez nous. - Chez moi aussi Maurice. Comment vas tu ? - Ben comme un jeune homme. Ma prothèse de hanche me fait souffrir mais comme disait ton père, tant que ça parle c’est que ça vit. Il avait raison. Bon Dieu c’qu’il avait raison le Moha. - Vous étiez proche avec mon père ? - Ben, moi j’ai fait la guerre d’Algérie tu sais. Et lui aussi. Alors… - Mais si ça avait été un Fellag ? - Oh tu sais c’est jamais facile de choisir en temps de guerre. Tout ce que j’sais c’est qu’on s’entendait bien. Mais pourquoi qu’tu m’causes de ton père ? - Pour rien, Maurice. Pour rien. Juste parce que je suis content de t’entendre. - Ah gardes ça pour ta femme. Tu veux de la confiture avec tes tartines ? - Je veux bien oui. - J’ai fait de la la mirabelle et de la gelée de co… Attends. Maurice stoppa son mouvement vers les meubles en formica au dessus de l’évier pour aller écarter le rideau de la fenêtre de la cuisine. Sa maison était un maison de bourg. Situé en plein cœur du Vigeant. Et il y avait beaucoup de passage. Tout le temps. Entre ceux qui embauchaient vers Poitiers et ceux qui rentraient de leur garde. La campagne était adaptée à la vie décalée qu’imposait de plus en plus le travail citadin. Mais là, l’heure était passée. Quelque chose d’autre avait retenu l’attention de Maurice. - Vite files dans la chambre mon p’tit. Karim ne chercha pas à comprendre et remonta quatre à quatre les marches grinçantes pour aller se lover dans l’armoire de la chambre de Maurice. Elle sentait la naphtaline. La naphtaline et l’eau de Cologne. Moins de trois minutes après on frappait à la porte. Karim ne rata rien de ce qu’il se passait. - Monsieur Bouceron ? Maurice Bouceron ? - Oui. Et vous qui vous êtes ? - Le commissaire divsionnaire Jean Favreau. Et voici le commissaire Karl Monchaud de la Police de Poitiers. - Ben couillon. J’ai fait sauté la tour Eiffel sans le savoir ou quoi ? - Est ce que l’on peut entrer ? - Et pourquoi donc ? C’est une propriété privée ici. Vous avez une bonne raison, du genre sur le papier pour venir déranger l’honnête citoyen que je suis mes couillons ? - Oh la, M. Bouceron, on veut juste parler à Karim. - Y’a pas de Karim ici. Pas plus qu’un autre bougnoule dans cette maison. - Allons Maurice, je suis celui que vous avez aidé pour ma fille. Le gros gaillard ! Vous vous souvenez ? - J’me souviens de rien. Foutez moi le camp ! Ou j’appelle le maire ! - Laisse Maurice. Ces hommes sont de notre côté. Maurice regarda Karim dans le fond des yeux puis regarda la tête dépressive de Favreau de la même manière. Et il finit par ouvrir la porte et les inviter dans sa cuisine. Oui. Tout le monde était du même côté dans cette histoire. Tout ceux présents dans cette pièce en tout cas. Ce fut Favreau qui ouvrit les sujets qui fâchent. - Votre beau frère est très doué vous savez Karim ? - Oui, je le sais. - Si doué qu’il a pu trianguler votre portable au moment de l’assassinat de Hicham Mesraoui. Je suppose que vous savez de qui je vous parle ? - Bordel, j’ai juste voulu le prendre en flagrant délit. Le commissaire vous le dira. - Oui. Mais la pieuvre est plus grosse que moi, Karim. Plus grosse que la police de Poitiers. - C’est pour ça que vous êtes là, Jean ? Parce que le trafic est international ? - Non. Je suis là pour ce qui m’occupe à plein temps. La sûreté de mon pays. - Hein ?
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