L’ANTIDOTE
La terre oubliée
Depuis 2017
ALC Prods
- Non mais vous allez m’écouter !
Noé ne faisait que ça. Ecouter.
Ecouter Icham Mesraoui.
Ecouter Karine.
Deviner Karim.
Deviner Stéphane.
Et il en avait marre.
Il
savait
ce
qu’il
avait
à
faire.
Et
ce
à
quoi
il
s’exposait.
Comme
la
nature
du
risque
qu’il
prenait.
Mais
il
n’avait
pas
le
choix.
Sa
famille
était
en
danger.
Ses
filles
étaient
sous
la
menace
de
gangsters.
Sa
femme
avait
rejoint
leur
sort.
Et
lui
malgré
son
entêtement
n’avait
rien
pu
faire.
Cela
lui
avait
sauvé
la
vie.
Et
sans
doute
à
ses
proches.
Mais
l’avait
placé
dans
une
situation
professionnelle
intenable.
Parce
que
tous
ceux
à
qui
il
devait rendre des comptes ne voyait qu’une chose.
Leur avenir.
Et leur poste.
Pas
étonnant
qu’il
y
ait
tant
de
burn
out
ou
qu’il
soit
si
difficile
de
faire
bouger
les
choses.
Les
gens
étaient
bien
trop
accrochés
à
leur
pré
carré.
Et
à
la
sécurité
de
leur
situation.
Celle
la
même
qui
empêchait
de
dormir
lorsqu’elle
vous
manquait.
D’ailleurs
Noé
ne
se
souvenait
plus
depuis
quand il avait fait une nuit complète.
Cela
le
rendait
à
la
fois
plus
fragile
mais
plus
lucide.
Il
n’y
avait
pas
de
doute dans son acte. Il savait exactement ce qu’il devait faire.
Parce qu’il faisait confiance à ses potes.
Parce que la vie de ses filles valait tous les sacrifices.
- Vous avez des enfants Jean Claude ?
- Non mais… écoutez n’essayez pas de changer de sujet, vous de…
- Est ce que vous avez des enfants Jean Claude ?
- Oui. 3.
- J’ai deux filles.
- Et alors ?
-
Et
alors
tant
que
ce
type
n’aura
pas
ce
qu’il
veut,
elles
risquent
de
mourir.
D’être
abattus.
En
représailles.
Alors
dites
moi
qui
dois
je
écouter ? Vous ? Eux ? Moi ?
-
Ecoutez
Noé,
je
comprends
que
votre
situation
vous
place
dans
une
situation
difficile
mais
les
faits
sont
les
faits.
L’apologie
pour
terrorisme
qui
vient
de
faire
surface
nous
oblige
à
la
prudence
pour
les
clients
que
vous
souhaitez
aider.
Alors
je
vous
le
répète.
Bon
dieu,
écoutez
moi
et
bloquez
les
avoirs
sur
ses
comptes.
Dieu
seul
sait
à
quoi
ils
pourraient servir.
- Je ne peux pas. Pour mes filles. Pour mes amis. Ils savent ce qu’ils font.
Noé
entendit
Rabotin
soupirer
et
le
vit
s’enfoncer
dans
son
fauteuil.
Il
devait
faire
beau
à
Bordeaux.
Parce
qu’il
entendit
sa
tête
se
tourner.
Sans
doute
vers
la
fenêtre.
Droit
sur
les
quais
de
la
ville.
Une
vision
magique.
Sans
doute
ce
qu’il
lui
fallait
pour
prendre
du
recul.
Évaluer
la
situation.
Comprendre
pourquoi
Noé
restait
aussi
inflexible.
Pourquoi
son
meilleur
employé
résistait
à
ses
injonctions.
Il
avait
réussi
à
renverser
un
système
avant
qu’il
ne
se
mette
en
place.
Noé
avait
réussi
à
arrêter
la
transformation
du
Crédit
Populaire.
Et
Rabotin,
bien
qu’il
ne
lui
avouerait
jamais
en
était
fier.
Alors
si
il
y
avait
un
de
ses
employés
en
qui
il
pouvait croire bien que les faits soient contre lui, c’était lui.
Noé Ouedraougo.
- Bon Dieu Noé. Vous savez que je dois donner mon accord ?
- C’est bien pour cela que je vous ai appelé. Pour vous expliquer.
-
Je
ne
vous
l’ai
jamais
dit
mais
je
suis
fier
de
ce
que
vous
avait
infligé
à Saurier.
- Merci.
- Allez. Et ne me le faites pas regretter.
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