• T'as l'air mieux • J'ai acheter un blender. • C'est bien. Ouais. Ça compense. Et puis je crois que j'aime l'orangina chaud plus que la vodka en fin de compte. Aisha sourit à Karim d'une telle manière qu'il en vint à se dire qu'il ne voulait qu'elle. Elle et personne d'autre. Elle avait aujourd'hui le crâne rasé. Et un piercing dans la narine gauche. Une main de Fatma tatouée, petite et discrète à son poignet droit. « Pour écarter le mauvais œil de mes actes » lui avait elle dit. Ils s'étaient croisés par hasard à la débauche. Karim ne l'avait pas reconnue. Elle non plus. Il avait beaucoup moins de poils lui aussi, il faut dire. C'est le téléphone de Aisha qui avait provoqué leur retrouvailles. Il avait reconnu la sonnerie. Sahara. Il lui avait fait la bise. Pour la première fois. Et l'avait invité à boire un verre sans préambule. Elle avait souri. Il l'avait vu telle qu'elle était maintenant. Et avait pris son oui comme une épiphanie. Cela lui avait rappelé quelque chose, comme une impression de déjà vu. Elle lui avait dit que ce serait après le coucher du soleil. Il avait dit que ça ne lui posait pas de problème. On était en plein mois du ramadan, il ne pouvait pas dire non. Par respect. Et surtout parce qu'il avait trop peur que cette entrevue soit la dernière fois qu'il puisse profiter d'elle. Il lui avait donc laissé fixer l'heure, la date et le lieu. Soit 22h, le Dauphin le lendemain. Là, ils s'étaient à nouveau fait la bise. Elle sentait la vanille et la coco. C'était simple. Simple, féminin et pur. Ils s'étaient ensuite assis et puis la serveuse était arrivée. Il avait pris un orangina. Elle avait pris un perrier et un sandwich poulet mayonnaise. C'est donc avec lui qu'elle rompait le jeûne. Il ne savait pas si cela voulait dire quelque chose de spécial. Il le prit comme tel pourtant. Comme une preuve de confiance. Et d'un pas fait vers lui. Son sandwich fini, ils avaient échangé sur le CHU. Elle était aux soins palliatifs maintenant. Dur. Mais passionnant. Elle s'y sentait à sa place. Il lui dit qu'il n'avait pas bougé des urgences. Ils avaient fait le tour du personnel. Puis elle avait posé sa question plus personnelle. Et il lui avait répondu sans rien masquer. Après tout, elle le savait comme les autres. Il était alcoolique. • Ça fait bientôt deux mois que je n'ai pas touché un verre. • Tout seul ? • Oui. • Chapeau. • Y'a vraiment pas de quoi. • Si si. Tu sais comme moi ce que cela représente. • Ouais, peut -être. Écoute... • Oui ? Karim vit l'homme s'affaisser comme il allait lui demander il ne savait pas trop quoi. Sans doute de la revoir. Déjà . De peur que ce ne soit la dernière encore une fois. Mais l'homme avait heurté le sol si violemment. Et son visage lui parlait tellement. • Appelle le SAMU, vite ! • Quoi ? Fais ce que je te dis, s'il te plait. Et promets moi qu'on va se revoir. Se revoir pendant des années.
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Le masque sous la peau
L’ANTIDOTE